Talpa, ou l’art de creuser

Talpa Mag
Photo © Christophe Rassat

« Pourquoi lirais-je Talpa Mag ? Quelle en est la ligne éditoriale ? » m’a-t-on demandé récemment. Talpa ne suit aucune ligne éditoriale. La ligne est bonne pour la pêche, pour porter maillot à la plage, pour suivre le plus court chemin d’un point à un autre. Or la taupe creuse d’instinct, pour le plaisir des découvertes et des rencontres. Pas de vocation informative, plutôt un regard. Talpa privilégie autant que possible la conversation. Ce que d’aucuns nomment « interview ».

L’art de la conversation

Dans son livre De la conversation Théodore Zeldin écrit « la conversation ne se réduit pas à transmettre des informations ou à partager des émotions, ni à mettre des idées dans la tête des gens…Lorsque des esprits se rencontrent, ils ne se limitent pas à échanger des faits : ils les transforment, les remodèlent et en tirent d’autres implications, se lancent dans de nouvelles directions. La conversation ne se contente pas de battre les cartes : elle en crée de nouvelles…de la rencontre entre deux esprits naît une étincelle…. » Il arrive ainsi que la taupe, légèrement schizophrène et poussée par ses rencontres, se parle aussi à elle-même afin de produire quelques étincelles qui éclairent sa galerie.

Autodidacte

Talpa est adepte inconditionnelle de la formule de Jean-François Revel « Seuls les bons professeurs forment les bons autodidactes. » C’est que l’animal avait été professeur dans une galerie antérieure. Il en a tiré une leçon «  Rien n’est creusé d’avance. », rejoignant ainsi Pierre Soulages, autodidacte permanent « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. »

Cultivateur

Un ami m’a déclaré « Cultivateur bio de la pensée ». Pourquoi pas ? De celle qui consiste à ne pas confondre événementiel et culture (même si les deux ont leur intérêt), consommation et participation, postérieur et cerveau (bien que les deux soient liés). La plupart des avis sur un livre, un spectacle…se limitent en général à un résumé au lieu de donner une couleur, un ton, d’ouvrir la pensée offerte par l’œuvre. Étymologiquement, l’intelligence consiste à créer des liens pour lire le monde. Talpa cherche à y contribuer. Elle creuse. Aussi bien un polar, une expo, un livre de philo ou de science, la langue, la gastronomie, le théâtre et ce qui l’inspire, la BD, la poésie, la politique, le sport. Tout ce qu’elle rencontre et qui lui inspire de l’intérêt, de la curiosité susceptibles d’entraîner de nouvelles rencontres.

Équilibriste

Experte en rien, la taupe Talpa est curieuse de tout. Son ambition est de réfléchir et de faire réfléchir, ce qui demande un effort d’attention et de lecture. Elle s’inspire d’un mot entendu à la volée, à la radio, à la télévision, de lectures, de spectacles, de l’air du temps aussi bien que de philosophie. Une honnête taupe, en somme, à la recherche d’un équilibre à trouver en permanence entre surface et profondeur, sérieux et humour, local et universel suivant une pensée en arborescence. Une approche d’amateur-qui aime- mais pas de spécialiste.

La formule Talpa

Un peu de tout. Avec un doigt d’huile de neurones, une pichenette de poésie, une petite louche d’humour ou d’ironie, une raquette à sérieux pleine de trous, un chouia de production personnelle bio, des emprunts non remboursables ici ou là, l’humeur du moment. Et pour parodier ce bon La Fontaine « Rien d’assuré…tout à la pointe de la pensée ».

Interview en mode Salamé et autres

— Dites-nous c’est quoi Talpa ?

— La taupe modèle ma pensée. Je fais juste face à la réalité à creuser. Voila. Je ne m’interdis rien. Derrière, il n’y a pas de stratégie marketing. La taupe avance à vue.