L’œuvre d’art
3 mai 2023Paul Valéry L’homme et la coquille
Le mot coquille peut signifier erreur. Ce sens est d’autant plus intéressant que tout le livre de Paul Valéry emprunte le sens littéralement opposé. Il y voit l’émanation du mollusque, un mouvement et une création qui répondent à une nécessité interne pour aboutir à une concrétion. C’est la définition de la démarche artistique et de l’œuvre d’art. L’art qui n’est pas l’exécution de recettes, ni un paraître mais cette nécessité vitale par laquelle l’œuvre d’art « suinte » de l’artiste.
L’autodidaxie créatrice
« L’ignorance est un trésor d’un prix infini, que la plupart dilapident, quand il faudrait en recueillir les moindres parcelles ; les uns la gâtent en s’instruisant, les autres la laissent perdre, incapables de l’idée même de s’en servir. »
Faire sans faire
« J’ai indiqué …que ce qu’on nomme « la nature vivante » se jouait de cette relation de la forme avec la matière qui nous donne tant de mal à essayer ou à faire semblant de réaliser. Nos mains s’affairent en actes divers, distincts et terminés ; nos yeux et notre intention ordonnent et surveillent ce manège superficiel ; mais notre travail est composé, il l’est dans chaque instant, et il ne peut donc jamais réussir à joindre si heureusement et de si près la substance avec la figure de son objet, que le fait, sans faire, l’être inarticulé, dont l’œuvre peu à peu se distingue de la chair, et se détache progressivement de l’état vivant, comme par une suite d’équilibres. »
Créer, c’est vivre l’œuvre
« C’est à elle [Nature] que nous donnons à produire tout ce que nous ne savons pas faire, et qui pourtant nous semble fait… Une coquille émane d’un mollusque. Emaner me semble le seul terme assez près du vrai, puisqu’il signifie proprement : laisser suinter…un mollusque émane sa coquille….Je ne sais que ce que je sais faire… Mais la fabrication de la coquille est chose vécue et non faite. »