Vibrer

Vibrer

11 août 2024 Non Par Paul Rassat

Les Jeux Olympiques nous font vibrer. Un quart de finale nous fait vibrer. Pour vivre intensément, il faut absolument vibrer. Sans vibrations, la vie ne vaut pas d’être vécue. Alors chacun se met en mode vibreur. D’autres iraient jusqu’au vibromasseur. C’est qu’il faut prendre du plaisir. Non pas éprouver, ressentir, mais prendre. La pratique du vibrato accentue le plaisir, cette technique du vibrato qui repose sur une oscillation du doigt là où il le faut. Je vibre donc je suis; je vibre donc je jouis.

Vibrisse

 Vibrisse : « Chez l’homme, poil situé à l’intérieur des narines…Long poil tactile disposé sur la face, près de la bouche ou sur les pattes de nombreux mammifères. » Les vibrisses des animaux permettent à ceux-ci de sentir, de détecter, d’explorer. Explorerions-nous le monde en vibrant ? Faut-il alors vibrer au même rythme que les autres ? À l’unisson d’un événement, d’un festival, de Jeux Olympiques ? L’individu ne saurait plus vibrer par lui-même, allant chercher à sa rencontre de l’autre, du monde, de quoi l’émouvoir. La restauration collective, le fast food, le repas livré standardisé ont remplacé la cuisine personnelle, le petit plat mijoté . La vibration venant de l’intérieur semble disparaître au profit du transport collectif.

Paradoxe

La vibration longuement préparée et ressentie ensuite a été supplantée par la vibration en à coups, brève, donc nécessitant de nombreuses reprises. Le public vibre pour ci, pour ça et quand l’intensité de la vibration procurée par un événement, une « expérience » décroît ou disparaît, il en faut une nouvelle. À la manière du sucre qui nécessite toujours plus d’ingestion de sucre. Les vibrations deviennent alors une sorte de nécessité presque détachée de toute cause de vibration.

Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse ?

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ?

C’est ce que Musset écrit , c’est ce que le public, privé de vie privée subit. Il se selfie pour vibrer à l’unisson.