En mêmes temps

En mêmes temps

23 août 2024 Non Par Paul Rassat

Nous arrivons ( enfin ?) à la réalisation de cette promesse  En mêmes temps. En même temps, en marche, en transition. En transition. Emmanuel Macron nous promettait un merveilleux voyage. Cette nouvelle agence de voyages se serait-elle mise dans une situation où il lui faille tenir ses promesses. La dissolution contraindrait-elle Macron à la cohabitation ? Et celle-ci serait-elle la réalisation du en même temps ?

Le temps en question

Pour promettre du en même temps, encore faut-il que le temps existe. Inspirons-nous de ce qu’écrit Albert Jacquard dans La science à l’usage des non scientifiques. Pour Richard Feynman, prix Nobel en 1965 : «  Le temps, c’est ce qui passe quand rien ne se passe ». Saint Augustin, lui, constate : «  Je ne sais pas ce qu’est le temps, mais je sais que si rien ne se passait, il n’y aurait pas de temps passé. » Pour Feynman le temps est « une réalité autonome », pour saint Augustin «  le temps est le produit de la succession des événements. » Outre la difficulté de définir le temps, la question de sa continuité ou de sa discontinuité, chacun le perçoit différemment comme l’a montré Einstein. Pour la science le temps n’existerait pas ; ce que nous mesurons et percevons, c’est la durée.

L’avenir en question

«  Mais le paradoxe le plus crucial concerne la place de l’avenir dans notre perception de la durée. Il nous obsède alors…qu’il n’existe pas. Rien dans la nature ne tient compte de lui. Du moins est-ce l’hypothèse de base de la réflexion scientifique. Le cosmos est regardé comme n’ayant pas d’intention, pas d’objectif. Les forces en présence font ce qu’elles ont à faire ; elle tiennent compte de l’état présent des choses, parfois du passé ; elles connaissent hier et aujourd’hui, mais elles ignorent demain ; elles ne peuvent mettre en œuvre ce personnage fictif qui n’est joué par aucun acteur… »

Le temps : une promesse de vent ?

«  Donner du temps au temps » était un concept mitterrandien né dans une société en pleine accélération. Freiner en pleine accélération afin de produire un dérapage contrôlé ? Pas si contrôlé que ça. Alors, promettre du En même temps relève-t-il de la promesse de Gascon ? Promettre deux temps à la fois si le temps n’existe pas, surtout sous la forme d’avenir, n’est-ce pas de l’entubage total. Une façon de nous la faire à l’envers, comme on disait naguère. On connaît bien désormais l’écart entre la politique annoncée et la politique ressentie, sous abri ou non.       

Analyse en vue d’un avenir qui n’existe pas

Le temps n’existant pas, il convient de le définir non par ce qu’il est, mais par une équivalence un peu forcée. «  Le temps, c’est de l’argent », l’argent se place, s’accumule, rapporte. Il nécessite une projection dans un avenir qui n’existerait pas sans lui. Le recours à la notion de progrès lui donne corps car accumuler de l’argent pour avoir de l’argent n’aurait pas de sens. Surtout moral. Et, in fine, l’argent devient du temps. Du temps de vie grâce à de meilleurs soins, par exemple.

In cauda…

Macron est devenu Président en terrassant sans même avoir eu à combattre l’ennemi de la phynance qui était aussi adepte de la synthèse. On aurait donc pu croire, sinon espérer, qu’Emmanuel Macron porterait plus loin encore l’esprit de synthèse de François Hollande. Las, l’homme porte naturellement à droite. Il aura fallu la force de l’inconscient pour le pousser à dissoudre et à traverser la rue afin de trouver un nouveau mode de fonctionnement politique. Cet autrement qui devait nous porter vers des rivages prometteurs. Était-ce des promesses de vent, ou bien un simple retard dû à des vents contraires ? Le temps nous le dira.