Coups de langue

Coups de langue

17 septembre 2024 Non Par Paul Rassat

De quelques coups de langue entendus ici ou là.

Je me pose la question de savoir si…

Un chroniqueur sur une radio publique trouvait bon d’alambiquer à souhait la formulation d’une question. Les Précieuses reviennent à la mode.

— « Je me pose la question de savoir si » je peux être en capacité de faire en sorte, juste, dans un souci de care et de bienveillance, d’envisager la possibilité de partager mes émotions dans une expérience immersive. Au final et au quotidien (sans même penser à l’international), j’aimerais diminuer mon empreinte carbone…

— Alors tais-toi. Tu économiseras de l’énergie et tu en feras économiser aux autres.

L’œil du cyclone

« On est dans quelque chose de cyclonique. » C’est ainsi que quelqu’un parlait à la radio des révélations concernant l’abbé Pierre. «  C’est un séisme ; nous découvrons l’ampleur d’un désastre humain… » auraient peut-être permis d’exprimer un soupçon de réaction personnelle. Mais non : «  On est dans quelque chose de cyclonique ». On : indéfini. On, ce n’est personne en particulier. Quelque chose : quoi précisément ?  On est dans…Oui, mais où précisément ? Plus on est dans, moins on est à l’intérieur ! Les dérives de la langue nous font errer dans les limbes d’une réalité toujours repoussée aux extrémités d’une expression qui serait vivante. «  On est dans quelque chose… » Alors, je reviens très vite vers vous !

Slogans de velours

Désormais les publicités pour les automobiles doivent s’accompagner au choix de «  Pensez à covoiturer », « Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo » ou « Au quotidien, prenez les transports en commun ».

Le comité spécial pour le respect de la morale et de l’éthique en politique pense proposer prochainement ce slogan : « Lors d’un scrutin, n’abusez pas de votre bulletin. » On réfléchirait à « Covotez », «  Au quotidien préparez le lendemain », «  Lors d’élections privilégiez la réflexion à l’émotion ».

Et enfin 

La réflexion ultime se dirigerait vers l’utilisation d’automobiles comme réfrigérateurs. Puisqu’il est impossible de réfréner l’achat de véhicules satisfaisant l’ego de leurs propriétaires, comme l’industrie automobile doit continuer de tourner pour rapporter des bénéfices, on songe à transformer les voitures en frigos stockés dans les garages. Il serait possible d’y conserver dans les meilleures conditions les cinq fruits et légumes indispensables à l’alimentation quotidienne. Pensez à colégumer au quotidien et à consommer cinq premiers ministres ( ou plus)  pendant vos mandats présidentiels.