Le plan B comme Barnier ?

Pourquoi Michel Barnier a-t-il récemment fait escale à Annecy ? La question se pose. Pourquoi un premier ministre occupé à recruter des gens qui accepteraient de devenir ministres tout autant  qu’à dissuader celles et ceux qui s’accrocheraient à leur portefeuille ( le mot colle ici parfaitement au sens), pourquoi ce premier ministre s’accorderait-il une halte dans la petite Venise des Alpes ?  Pour y rencontrer les Républicains ? Que nenni !

Plan de circulation d’Annecy

Michel Barnier a besoin d’un plan. Voilà tout ! La situation politique actuelle est tellement embrouillée qu’il est difficile sinon impossible d’en avoir une vue claire qui permettrait d’en tirer un fil conducteur nécessaire à la constitution du nouveau gouvernement. Alors, aux grands maux les grands remèdes. Michel Barnier est venu étudier le nouveau plan de circulation d’Annecy. S’il y trouve ses repères, il sera capable de trouver partout son chemin. Aussi bien dans la jungle politique que dans le désert des idées réellement nouvelles et constructives ou même sous les eaux pas toujours limpides de la scène politique.

Navigation tous azimuts

C’est donc à Annecy que le premier ministre est venu apprendre à naviguer à droite sans pour autant négliger la gauche, à se repérer entre sens uniques, sens interdits, signalisation surprésente, priorités confuses ainsi qu’événementielisation galopante du contexte local. On en est à se demander s’il n’aurait pas été plus simple de nommer premier ministre le maire de la ville d’Annecy.

La caravane gouvernementale

Michel Barnier a confié le plan de circulation d’Annecy à ses services pour étude approfondie et application à l’échelle du gouvernement ainsi que du pays. Les embouteillages qui paralysent souvent le pays devraient disparaître. Dissuadés par la complexité du plan, les automobilistes devraient renoncer à leurs véhicules mais pas à leurs bulletins de vote. Le Rassemblement National ne devrait-si tout se passe bien-plus faire bouchon. Le Front populaire ferait profil bas. Comme personne ne comprend vraiment le plan de circulation en vigueur à Annecy, les avis critiques se perdent dans le lac. On espère en l’appliquant à  grande échelle politique que les critiques s’épuiseront et que la caravane gouvernementale passera sans vaseline ni 49.3.

Souvenez-vous !

Souvenez-vous. Lors du référendum sur le traité de Maastricht, Giscard d’Estaing affirmait qu’il n’y avait pas de plan B. D’où l’intérêt d’avoir un plan A. Le plan Barnier inspiré du plan de circulation de la ville d’Annecy prévoit donc de nombreux contournements par la gauche, par la droite, voire par le centre. Des sens interdits réorientables à la demande et des raccourcis qui ne rallongent pas la procédure. Le chemin entre l’Élysée, Matignon, le Palais Bourbon, celui du Luxembourg et Versailles sera dûment balisé et facilité. Tous ces palais de la République seront munis de porte-manteaux  spécialement étudiés afin d’y accueillir des vêtements réversibles. On pourra y retourner sa veste en un rien de temps et suivre ainsi l’orientation des girouettes Edgar Faure installées sur les toits. Le plan Barnier privilégiera une circulation politique fluide afin que personne ne tombe dans le panneau.