Caroline le Flour, Octobre rose
22 septembre 2024Dans le cadre de ce mois d’Octobre Rose de la lutte contre le cancer du sein, le Comité de dépistage des Savoie accueille le 1er octobre 2024 Caroline le Flour et son One woman show La Chauve souriT. Ce sera au centre des Pensières de Veyrier. Spectacle précédé d’une conférence du docteur Anne-Valérie Donsbeck , anatomo-cyto-pathologiste.
Conférence gratuite à17h30, spectacle à 20 h, place à 20 euros.
Conversation avec Caroline le Flour
« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté » disait Groucho Marx. Cet écart, c’est une définition de l’humour. Comment définiriez-vous le vôtre ?
Il est décapant, incisif…
Comme une chimio ?
Oui, décapant comme une chimio, coloré comme le produit des chimios. Il est désinvolte, noir.
Vous le portiez déjà en vous, la maladie l’a révélé ?
Ma famille a toujours fait preuve d’humour, dans toutes les situations. C’est notre ADN, encore plus face aux situations difficiles. Je me souviens de la première fois où j’ai été confrontée à la maladie et de mon beau-père qui est mort lui-même d’un cancer foudroyant. J’ai toujours été préposée à l’écriture des textes pour les oraisons funèbres ou pour les mariages. J’ai donc commencé à écrire un texte pour lui. J’avais plutôt envie de rire mais je ne m’y autorisais pas, le résultat était assez glauque. Jusqu’à ce que je décide de continuer à rire parce qu’il riait tout le temps. Pourquoi ne pas rire même dans les situations les plus graves ? Est-ce ce serait une forme d’infidélité ? Je dirais le contraire. Je sais aujourd’hui que le rire est fédérateur. Il permet de faire passer des messages de fond sous une forme ludique et légère ; il libère la parole, provoque l’échange. L’humour et le rire ont beaucoup de vertus !
Que dire de votre public ?
Je réfléchis à une expression que j’utilise, le « grand public ». Ce grand public comporte des gens qui ne se sentent pas concernés par le cancer. D’autres le sont. Il y a aussi des accompagnants. Je dirais que j’ai commencé à jouer pour des assos. La première fois, c’était pour la Ligue contre le cancer à Toulouse. Et puis, grâce au bouche à oreille, j’ai été appelée par des entreprises et de plus en plus par des théâtres. Mon spectacle est devenu une pièce comme une autre.
Avec le recul, je me rends compte que ma mission est devenue un soutien aux malades, aux accompagnants, une sensibilisation des autres, du grand public. Je libère la parole en parlant du cancer et d’un parcours de résilience tourné vers l’espoir. Hier, une spectatrice m’a dit « Je vais proposer votre spectacle à la programmation de la ville. » On parle infanticide, viol…mais on a du mal avec le cancer.
On parle plutôt de gens décédés à la suite d’une longue maladie.
Je préfère mettre les pieds dans le plat. Ma maladie m’y autorise, me rend légitime. Je ne prône pas l’humour mais le propose comme un moyen de parler du cancer. C’est ma manière de communiquer naturellement.
Il y a deux semaines, il s’est produit quelque chose. Une famille était venue me voir à plusieurs reprises. D’abord la fille parce qu’elle était malade, puis l’oncle, sa mère, toute la famille est venue avec elle. La jeune femme malade est décédée et son mari m’a écrit pour me dire la place importante que j’avais prise dans leur monde grâce à mon spectacle. Il est possible de rire malgré une issue proche et fatale ! Le public me renvoie qu’il faut continuer même dans les moments les plus compliqués.
Votre spectacle pourrait apporter beaucoup à l’Élysée et à Matignon, qui ont besoin d’un grand soutien avant des issues possiblement fatales. (rires)
J’ai joué à l’Assemblée Nationale ! Moi, ancien militaire, je joue de plus en plus à la demande des militaires. Alors pourquoi pas Matignon ?
Parfois l’humour rejoint la réalité. En tout cas, il en joue. Alors…