Conservatoire d’Annecy, conserver pour faire vivre
8 décembre 2024Un CRR est un Conservatoire à rayonnement régional. Conserver pour faire rayonner ! L’étymologie de conserver nous apprend qu’il s’agit d’observer, puis de tenir ( un serment), de garder soigneusement, de maintenir en bon état. Dans quel but ? Pour transmettre dans les meilleures conditions possibles. Pour faire vivre. Ce sont Faustine Vieille et Marlène Leclercq qui nous accompagnent dans la présentation du CRR d’Annecy.
Proximité
L’auditorium de 180 places accueille beaucoup de nos spectacles. D’autres sont donnés dans d’autres salles du territoire. La scène n’est pas très grande mais le côté intime en est renforcé. C’est ce que le public ressent en particulier lors des Parenthèses de midi. De petites formules et cette proximité avec les artistes. Ce sont des rendez-vous qui plaisent énormément.
Qui se produit sur cette scène ou sur d’autres ?
Des artistes professionnels, essentiellement locaux. Le vivier est magnifique en Région Rhône Alpes, essentiellement en Savoie-Haute-Savoie, avec l’Ain et l’Isère. Les enseignants du Conservatoire se produisent aussi sur scène. Ils ont d’ailleurs le statut d’artistes enseignants. Ils exercent un métier de passion et un certain nombre se confrontent à la scène en musique, danse, théâtre. Il y a un deuxième pan, ce sont les élèves en scène, souvent en pratiques collectives. La scène fait partie de leur apprentissage. Il y a l’apprentissage avec le professeur, mais aussi le plaisir de montrer ce que l’on sait faire en présence d’un public composé de parents, d’autres personnes. Nous accueillons tout le monde.
Accessibilité
Le Conservatoire ne se contente pas de conserver, il transmet, fait vivre et rayonner.
Oui, nous nous trouvons en ce moment dans l’auditorium qui se situe à la charnière. Nous nous battons contre l’image du Conservatoire Institution, avec le Maître… ( accent d’insistance). —« Tu vas au Conservatoire ! Ohlala ! » L’intention était forcément de devenir soliste professionnel. Nous nous battons contre ces préjugés qui font croire à certains que ce n’est pas pour eux, que c’est trop cher, pour l’élite. Les choses ont évolué mais il est difficile de gommer cette image. Nous avons des tarifs qui tiennent compte du quotient familial. Pour les revenus les plus faibles, la participation est de 17 ou 20 euros à l’année.
Il reste cependant une exigence artistique.
Une exigence de travail. Nous permettons aux élèves qui souhaitent se professionnaliser d’accéder au pôles supérieurs, aux Conservatoires Nationaux. Nous accompagnons chaque élève en fonction de sa motivation. Ceux qui se professionnalisent sont en petit nombre, et nous sommes heureux de les accueillir ensuite dans le cadre de notre saison.
Plaisir
Vous savez ce que deviennent vos anciens élèves ?
Nous y travaillons. Certains sont arrivés tout en haut, d’autres sont professeurs. L’un d’eux a tout arrêté pour devenir potier. Certains continuent à jouer pour le plaisir ou vont dans des pratiques amateurs. Il faut préciser que le Conservatoire accueille aussi des gens qui savent déjà jouer d’un instrument mais viennent une fois par semaine pour le plaisir de chanter dans un chœur, de jouer dans un groupe. Certains veulent s’essayer au théâtre. Ils viennent une fois par semaine sans obligation de passer un examen. C’est du loisir.
Combien de pratiquants fréquentent le Conservatoire en une saison ?
Autour de 2500 élèves répartis sur quatre cycles d’enseignement. Et nous nous efforçons de faire participer chacun à une restitution, quel que soit l’âge, la discipline et le niveau. Il faut y ajouter les auditions organisées par les enseignants au cours de l’année pour que les parents viennent voir les progrès du travail.
Chaque saison est dense et riche. Nous attaquons les spectacles au mois d’octobre et terminons en juin. La Nuit des Conservatoires fait partie des temps forts que nous organisons : tout ceci permet aux gens de pousser les portes.
Transversalité
La conversation avec Faustine et Marlène est agréable, les rires fusent.
Nous travaillons sérieusement mais sans nous prendre au sérieux.
Nous continuons de discuter en parcourant les couloirs et les salles du Conservatoire. Un coup d’œil à la salle réservée à la création et aux nouvelles technologies : métiers du son, composition à l’image. La salle d’orgue est occupée par une jeune femme qui nous accueille pendant une pause. Cette ancienne chapelle apporte encore une dimension à l’ensemble de l’établissement. Le voisinage des salles destinées à des pratiques différentes invite à la création commune. C’est peut-être là le cœur vivant du lieu.
Rencontre
Nous interrompons un cours d’écriture à ‘image. — « Nous écrivons la musique des films » précise l’enseignant. — Et si le film et ses images sont mauvais, quel est le résultat ? — Nous sommes encore plus libres ! » (Éclat de rire). Tradition, modernité, création, salles de musiques anciennes, pôle numérique, technique et humour font excellent ménage. Tout est au service de la rencontre.