Moi-mêmophile

Moi-mêmophile

9 mars 2025 0 Par Paul Rassat

Entendu cette expression : «  Je suis moi-mêmophile ». Néologisme impressionnant en cette époque d’ego, d’égoïsme et d’égotisme exarcerbés. Le recours au « Moi je » inonde les médias. L’ego s’étale, déborde, inonde le propos qui devient verbiage. C’est au point que nombre de nos concitoyen-ne-s se promènent, font leurs courses en téléphonant. Certains auraient l’oreille de Dieu. Celles-ci ou ceux-là ont l’oreillette qui permet de ne rien faire en faisant deux choses à la fois afin d’exister plus.

Pardon

Un ex président de la République française affirmait qu’il faut travailler plus pour gagner plus. Il faut maintenant communiquer plus pour exister plus. Alors on vide son sac, on vide les mots de leur sens afin d’en étirer le sens : il faut meubler. Avez-vous remarqué cette façon d’émailler le discours de «  Pardon, pardon mais… » Le pardon est une notion fondamentale dans les sociétés, vis-à-vis de l’autre et de soi. Comment avancer sans par-don »  ? Comment se réconcilier sans pardon ? Or le mot pardon  est devenu un tic linguistique : «  Pardon mais, c’est juste incroyable, je me pose la question de savoir si, il faut regarder la réalité en face… pardon. »

Moi-mêmophile nationaliste

Tours et détours langagiers qui vident les mots de leur substance, de leur charge de sens, d’émotions, de références, d’histoire. Alors que Yaël Braun Pivet est capable d’utiliser la première personne du singulier environ toutes les huit secondes d’une interview en se déclarant adepte du travail en équipe, de la concertation, le moi-mêmophile auto déclaré venait de se tondre lui-même le crâne, sans recours à un coiffeur. Incroyable, ce type qui ne pense qu’à son crâne, à économiser sur un passage chez le coiffeur, à se dorloter l’apparence physique ! « Pardon mais », relèverait Marine Le Pen, « pardon mais s’agit-il d’un Français de souche, d’un migrant, d’un immigré ? » Eh oui, cela change tout. Un bon Français est invité à affirmer son moi national alors que les autres devraient raser les murs plutôt que leur crâne.