Épisode 5, Buenos aires, J-P Montmasson
1 mars 2025Le rouge et le vert rapportés de Gênes par les émigrés italiens se disputent des pans de façades avec le jaune « kodak, » des Espagnols…Autour du stade plongé dans le jaune et le bleu foncé, on imagine Ikéa mais la passion est toute autre…Des statues de Maradona et Messi s’entretiennent avec un mannequin du Pape François. La Cerveza coule à flots, la « Bombonera« , c’est le nom du stade, n’admet que les afficionados. 58 000 spectateurs sont abonnés à vie ! Peindre la Bombonera vous porte au rang de supporter fanatique. Cet épisode 5 est aussi coloré que les précédents.

Pour le reste des couleurs, je m’en remets à Maradona et à Messi, les divinités de ce Colisée sud américain. Autour du stade plongé dans le jaune et le bleu foncé on imagine Ikéa mais la passion est tout autre…Des statues de Maradona et Messi s’entretiennent avec un mannequin du Pape François.

Conversations entre réalité, légende et couleurs

Porto Madero depuis la mer, vraiment, j’adore ces silhouettes élancées, surtout en contrepoint de mes horizontales compositions…

Du large à l’intérieur
Incroyable petit déjeuner sur la scène d’un grand théâtre, l ‘ATENEO transformé en une formidable librairie* qu’on dit la plus belle du monde. Je vais explorer les loges, le parterre, le foyer ou la déco a su préserver une mise en scène théâtrale. des livres, que des livres. Impossible de résister à l’achat d’un « carnet de poèmes »sur le thème du tango, avec un CD.
Je » travaille » beaucoup ,avec toute mon attention, avec la passion de traduire pour d’autres l’indicible de ces instants, cette forme de tension entre le lieu, l’atmosphère, mon petit déjeuner et l’attente d’explorer ces rayons emplis de livres. Acheter un ouvrage ici s’avère indispensable, l’accompagner d’un signet original ,une obligation…Ce moment est un tout ,une pièce de théâtre classique. L’unité de temps en est la règle.
J’en suis le spectateur, le visiteur, l’acheteur,l e consommateur ( du petit déjeuner) et une forme d’acteur. Celui qui jour le rôle du peintre, qui partage son carnet et un café avec ses voisins canadiens. Bref un moment vrai d’intense plaisir…
Je voudrais tellement vous le faire partager…
Il Viaggiatore

La ville des livres
* Il est bien normal que Buenos Aires accueille cette incroyable collection de livres. Impossible d’oublier ici la présence de Jorge Luis Borges ! Il est l’auteur, entre autres, de La bibliothèque de Babel qui commence ainsi : « L’univers ( que d’autres appellent la Bibliothèque) se compose d’un nombre indéfini, et peut-être infini, de galeries hexagonales, avec au centre de vastes puits d’aération bordés par des balustrades très basses. » La nouvelle se termine ainsi : « S’il y avait un voyageur éternel pour la traverser dans un sens quelconque, les siècles finiraient par lui apprendre que les mêmes volumes se répètent toujours dans le même désordre-qui, répété, deviendrait un ordre : l’Ordre. Ma solitude se console à cet élégant espoir. »
« Fenêtre sur la bibliothèque, la nuit. » Cette installation spectacle réalisée par Robert Lepage doit être rappelée. Elle s’appuie sur les écrits d’Alberto Manguel, qui fut le secrétaire de Borges. Même si l’Argentine subit les vicissitudes de la politique et de l’économie, elle célèbre toujours la culture. Retrouver en un même lieu, l’ATENEO, une célébration du théâtre et de la littérature, c’est peut-être un petit aperçu de ce que Jean-Louis Hourdin, homme de théâtre lui-même, appelle « anticiper la réconciliation ».

Bar restaurant LA BIELLA de la RECOLETTA. Il fait chaud en terrasse et plus frais sous les ventilateurs. J’adore ces grands bars . Caffé doppio sous le regard de BORGES et la mémoire de FANGIO.
Retour à Annecy
Attendu, le départ est là. L’autoroute, perspective infinie, semble me mener à d’autres voyages , à d’autres éloignements, déjà. Encore immense ce matin, la ville s’amenuise dans le rétroviseur, comme si elle s’effaçait de ma mémoire. Restent quelques couleurs cassées, l’odeur d’asphalte, l’atmosphère de mégalopole du sud, que j’aime tant. Il viaggiatore.
Et…
Jean-Pierre ouvrirait, paraît-il une école de tango sous les arcades du centre ville d’Annecy, une sorte de pendant au Pont des Amours qui fait le grand écart au-dessus du canal du Vassé si sensuel. Quant à sa fidélité éternelle au bandonéon, peut-être vient-elle directement du nom de l’instrument. Allez savoir ! Le principe du voyage ne serait-il pas de garder de l’ailleurs en soi et d’avoir laissé ailleurs un peu de soi ?
Un Dernier tango à Annecy?