Talents de Femmes
3 mars 2025Rencontre avec l’artiste Valérie Ducret Limousin dans son atelier. Valérie participera au SALON ART & DÉCO Talents de Femmes » les 8 et 9 mars 2025.
Centre de Congrès Impérial – ANNECY en faveur de la lutte contre les violences à l’égard des femmes
La conversation part de Samburu, ce portait de femme africaine.

Les gens me disent tout ce qu’ils ressentent à partir de son regard. Ce n’est qu’une femme qui regarde mais ils ressentent tout ce que j’avais mis dans la pièce en la faisant. Je ne sais même plus d’où je suis partie, d’une photo, d’une pub dont j’ai fait une capture d’écran parce que je trouvais cette tête intéressante. Je commençais à travailler avec de la terre marron…et je suis partie en direction de l’Afrique ! Sans intention particulière. Je fais du figuratif…
Le figuratif est intéressant quand, au-delà de ce qu’il montre, il reste une part de mystère, comme dans ce regard.
Je fais les choses comme ça, elles sortent comme ça ! Je suis toujours surprise de constater que les gens voient ce que j’y ai mis. Un jour une dame m’a acheté une petite sculpture, une tête d’Africaine et s’est mise à pleurer en la regardant ! Il y a une espèce de truc surnaturel qui passe entre elle et moi…j’en ai des frissons !
Que mettez-vous dans vos œuvres ?
Des pensées. Réaliser Samburu prend du temps pendant lequel se mêlent des choses de l’actualité, de soi, de la vie. Samburu est reliée aux naufrages de migrants, à l’histoire de George Floyd, à la condition des femmes. Mais je ne revendique rien. Il y a tellement de trucs moches dans le monde que je veux produire du beau. C’est ma façon de résister. J’apporte de la douceur. De la douceur, oui.
Certains, cuisiniers, artistes, appliquent des recettes. D’autres se cuisinent, se peignent, se sculptent à travers leur travail. Ce que l’artiste met dans son travail, c’est lui-même. Il en fait don. C’est sans doute cette sincérité, ce don de soi qui touchent le spectateur. Cette façon de « charger » l’œuvre.
Ce n’est pas que de la technique.
La couleur de la terre, rouge, évoque, le pouvoir, la puissance dans les pays d’Orient et d’Afrique.
C’est drôle parce que vous dites cela en regardant ce portrait de petite fille que j’avais imaginée tenant dans ses mains un revolver….que j’ai prudemment remplacé par un lapin. Je pense la réaliser aussi en plus grandes dimensions, avec un revolver cette fois-ci. L’objet mélange la féminité, la violence faite aux femmes, ça donne un truc un peu politique. C’est l’intention de dénoncer quelque chose puisque l’œuvre doit faire partie d’une exposition collective sur le thème de la violence faite aux femmes. Un revolver pour se défendre, pour attaquer ? Cette ambiguïté m’intéresse. Comme le message de violence qui contraste avec la douceur de la petite fille et pose plein de questions. Comme spectatrice, je n’ai pas envie qu’on m’impose une lecture, un message unique qui torturerait l’artiste.
Je ne veux pas, de mon côté, obliger les gens à réfléchir pour comprendre ce que je dis. Je suis pour un art démocratique qui puisse toucher n’importe qui.
La sensualité y participe.
On me dit souvent que c’est doux. Je ne pensais pas avoir de style parce que je me donne la liberté de faire ce dont j’ai envie. Ce que je fais me plaît d’abord à moi. Je suis comme une enfant qui se raconte son histoire lorsque je fais ma pièce.
« Le style est l’instant où le fond affleure à la surface » lit-on dans « Une affaire de style » de Denis Grozdanovitch. C’est la peau qui relie la surface et la profondeur, qui est un peu des deux. C’est la personnalité de l’artiste, sa signature.
Un artiste ne sait pas où il va, il se découvre en permanence.
Je peux avoir envie un jour de faire de la terre, un autre jour de la peinture, de la couture… C’est mon espace de liberté, je peux y faire ce que je veux. Je ne cherche pas particulièrement à donner à voir mais je creuse ce qui m’interroge.

À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, le Club Soroptimist
International d’Annecy organise une exposition-vente qui réunira une palette de talents de
plus de 50 artistes et artisanes, peintres, sculptrices, céramistes, maîtres verriers, illustratrices,
créatrices de mode, bijoux, accessoires et objets de décoration pour la maison etc…
VERNISSAGE le 8 mars à 18h30 au Centre de Congrès Impérial.

ENTRÉE LIBRE de l’EXPO-VENTE le samedi 8 mars de 10h à 19h et dimanche 9 mars de 10h à 18h.
Les bénéfices de cette exposition seront dédiés au projet de création d’un Centre
d’hébergement temporaire d’urgence à ANNECY pour les femmes victimes de violences.
Ce grand projet dénommé « l’Abri des Hirond’Elles » associe les différents acteurs locaux
publics et privés, avec le soutien de la Ville d’Annecy et de plusieurs partenaires.