L’essentiel

L’essentiel

8 avril 2025 0 Par Paul Rassat

Le plus important, l’essentiel ne serait-il pas ce dont il est possible de se passer ?

Le travail d’Arcabas et des frères de l’Abbaye de Tamié est remarquable. Croyant ou non, on ressent dans ce lieu, dans l’église, une esthétique dynamique et vivante qui correspond à une démarche très pensée. Tout au fond du chœur, sur le mur, une Madone. Lui fait pendant, légèrement avancée, une colombe façon Botero. Avançons encore dans l’espace : la Croix, suspendue, respire la lumière dorée. Puis, plus encore à la rencontre des fidèles, un autel massif et léger, tout d’une pièce, en marbre.  Un ambon termine la progression.

Ne pas croire aveuglément pour atteindre la lumière

Le plus important et l’essentiel ne serait-il pas ce dont il est possible de se passer ? Ne pas croire aveuglément en la religion pourrait permettre de donner à celle-ci la profondeur de lumière nécessaire pour guider nos vies. À Tamié l’esthétique ne fait pas décoration mais transmet l’esprit du lieu et de la foi. Appuyée au mur du fond, la Madone incarne la VIE. Lui répond la colombe de la PAIX. Dépouillée de toute dimension tragique, la croix est la RENCONTRE. L’autel est CÉLÉBRATION. À la proue, l’ambon est TRANSMISSION aux fidèles.

La vie, la paix la rencontre, la célébration et la transmission ne sont-elles pas des fondements de l’existence, au-delà même de toute religion ? La Madone, vierge et mère incarne le respect que l’on doit à toute femme. La sexualité et la maternité ne font pas déchoir. Absents de la croix, le père et le fils n’en sont que plus parlants. Ils sont la rencontre qui perpétue la vie.

Dépasser les contradictions

L’intérêt supérieur de ces contradictions apparentes-une vierge mère, le père qui est le fils, le fils qui est le père-réside dans la dimension de l’oxymore. Fi des contradictions qui limitent nos vies, notre pensée, notre sensibilité, nos rencontres, notre relation à l’autre !

La véritable dimension de la religion est poétique.

Et le tabernacle ? Il a d’abord été une tente dans le désert. Pièce de nomadisme avant de devenir refuge sacré et fixe. Mais l’essentiel est vagabond.