Efficacité
16 mai 2025Notre monde se veut de plus en plus efficace. Taylorisme, travail à la chaîne, management, rapport qualité / prix. Il n’est plus question que de productivité et de bénéfices. Les acteurs doivent être « bancables », les investissements enrichissants… On pourrait critiquer cette course à tout-vat à la rentabilité . Ce serait une vision superficielle. Cette façon de procéder est éminemment écologique. On va vite, sans déperdition d’énergie, en supprimant le superflu matériel et humain. La nature elle-même est un modèle d’efficacité. Examinons le fonctionnement de la chaîne alimentaire. Les carnivores mangent les herbivores et maintiennent ainsi un équilibre sans lequel les herbivores boufferaient toute la nature. Les prédateurs dévorent les proies les plus faibles, participant ainsi à la sélection naturelle. Les espèces qui ne s’adaptent pas disparaissent. La nature est bien faite. Elle fait preuve d’efficacité.
Pour un monde économe
Puisque d’écologie il est question, regardez votre facture de supermarché. Elle mentionne : « Fabriqué sans phénol ajouté. Papier pour une gestion forestière responsable . » Le commerce respecte la planète. Il serait temps que la guerre s’y mette. Une guerre propre, efficace, qui respecte la planète. Ce serait d’autant plus important que la guerre est l’une des principales activités humaines. Prenez la guerre que se font les gangs à Marseille, en Corse ou ailleurs. Combien de balles sont nécessaires pour tuer un rival ? Constatons-le : c’est un gaspillage inadmissible ! Les rafales de kalachnikov ont supplanté la précision économique des coups de pistolet. C’est un savoir faire qui disparaît. Ne parlons pas des corps retrouvés carbonisés dans l’incendie de voitures. Ceci est une atteinte à l’écologie qui participe inutilement au réchauffement de la planète.
L’efficacité de la guerre ?
Pensons à la guerre que fait la Russie à l’Ukraine. Elle devait être pliée en quelques semaines. Le conflit dure depuis trois ans. Quel est le taux de réussite des tirs ? Quel est le rapport coût-efficacité ? La guerre « moderne » se voudrait propre et efficace. Il était possible de suivre les tirs états-uniens en Irak comme sur un écran de jeu vidéo. On parlait de frappes chirurgicales. Mais il a très vite été question de dommages collatéraux. Israël utilise l’intelligence artificielle pour définir un taux acceptable de dommages collatéraux humains. Au fond, la guerre n’est pas si propre qu’on le dit. Ni humainement, ni matériellement, ni écologiquement.
Regarder la réalité en face
Comme la guerre n’est pas très propre, on l’appelle autrement. Opérations militaires spéciales, événements, opérations de maintien de l’ordre, opération Tempête du désert… autant de périphrases, euphémismes pour ne pas dire la réalité de la guerre. Si au moins celle-ci était efficace, écolo.
Terminons sur une note optimiste. Tout le monde se demande, avec une pointe d’espoir, ce que Zelensky et Trump se sont dit au Vatican. Talpa, toujours bien informé, sait que le second a demandé au premier l’adresse de son tailleur.
Le dessin est de Roland Topor.