Lecture d’image
23 juillet 2025Lecture d’image à partir d’une photo de Jim Watson pour l’AFP. L’angle de la prise de vue accentue l’effet : tout se passe hors champ. Pourtant la trinité habite le bureau du président. Le jeu et l’enjeu se situent entre l’intérieur et l’extérieur. Trump regarde bien hors champ ; mais le personnage debout sur la droite regarde Trump qui regarde ailleurs. Trois drapeaux évoquent la nation et l’armée. Sur le bureau sculpté, ouvragé, les boîtes en bois, sans doute censées accueillir des dossiers, sont vides. Contraste entre la surcharge des ornementations et le vide géométrique des boîtes en question.
Trophées
Les étagères de fond de bureau supportent l’Histoire et les trophées. Ceux-ci doivent se référer à des événements importants. On pourrait y voir la Coupe de l’America, ou bien même la Coupe Davis. La politique est un sport.
Dressage
Trois hommes, trois drapeaux, deux téléphones. Certainement un urbi et l’autre orbi. La symbolique navigue entre le chiffre 3 et le 2 pour culminer avec le 1, l’unique ! Ce cavalier sur son cheval cabré serait-il un double métaphorique de Donald Trump caracolant sur les taxes douanières, les délais de deux semaines ou de cinquante jours assignés à ses vassaux ? Certains y voient avec malveillance le jeune Trump dressant une conquête féminine. Quelle énergie ! George Washington apprécie du regard.
Les trois personnes, des hommes, gardent les mains croisées. Une sorte d’assise assurée, même si l’un d’eux est debout.
L’un dans l’autre et inversement
Reste le clou de la représentation. La construction triangulaire de l’image passe par les têtes des trois hommes. L’angle de prise de vue en accentue la perspective qui va trouver deux ancrages. Le bureau massif tout d’abord. Les godasses du bonhomme assis ensuite. Celles-ci sont remarquables. Crâne dégarni, cheveux blancs, lunettes, costume sombre et cravate itou. Et ces godasses de sport, noires à semelles blanches. La décontraction dans la rigueur. Ou bien la rigueur s’appuyant sur la décontraction.
On doit à Roland Topor cette formule goûteuse : « Il suffit d’un gramme de merde pour gâcher un kilo de caviar. Un gramme de caviar n’améliore en rien un kilo de merde. » Et, parfois, il n’y a même pas de caviar.