Réussir
28 septembre 2025La plupart du temps le verbe réussir est transitif. Il se construit avec un complément. On réussit une entreprise, un projet. Le verbe réussir peut être transitif indirect. On réussit alors à un examen ou à un concours, par exemple.
Il est aussi possible de réussir de façon intransitive. On ne réussit rien de particulier, sinon sa vie. Il a réussi ! Mais que faire quand on a réussi sinon continuer à réussir ?
Réussir, tout seul, c’est un peu comme répondre à la question « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » On aurait envie de répondre : « Je vis, parce qu’en dehors de la vie je serais mort. » Alors, dans la vie, je réussis à vivre. C’est déjà pas mal.
Puisque nous étions partis du verbe réussir et qu’il constitue de plus en plus une injonction, un ordre, un but, sans quoi que faire de sa vie ? il est possible d’examiner quelques différences dans l’art de la réussite.
Il est en effet possible de réussir à réussir. Réussir à échouer demande parfois beaucoup de volonté, de ténacité. On n’échoue pas toujours n’importe comment n’importe où. Il est envisageable d’organiser sa non réussite, à ne pas confondre avec un échec.
Échouer à réussir est assez fréquent. Ceux qui ont réussi valorisent leur réussite en proclamant avec Nietzsche : « Nul vainqueur ne croit au hasard. » C’est oublier un peu vite la phrase de Cavanna : :« Quand Ève voulut un second enfant, Adam fut très embarrassé car il ne savait pas quel était le geste, parmi tous ceux qu’il avait faits, qui avait eu pour conséquence d’engendrer le premier bébé. »
Reste « Échouer à échouer ». Est-ce que « Échouer à échouer » est la même chose que réussir à réussir ? Si le résultat est à peu près le même, les intentions sont différentes.
Poursuivons le raisonnement. Si une femme déconstruit un homme, parvient-elle dans le même temps à se construire plus harmonieusement. L’homme déconstruit réussit-il obligatoirement à mieux se reconstruire ? Ce serait souhaitable car tout le monde connaît l’expression : « Quand le bâtiment va, tout va. »
Pour les plus tatillons, notons que le verbe réussir vient du latin exire ( aller dehors) via l’italien riuscire, au sens de « aboutir, avoir une issue ». En gros, pour réussir, il faut s’en sortir, et il est préférable qu’un bâtiment ait une porte.