Patrick Éveno, 14 ans directeur de CITIA : un parcours animé
14 juin 2021Patrick Éveno et ses liens avec Annecy
Dans les parages de Bonlieu, rencontre inopinée avec Patrick Éveno qui a été un très actif directeur de CITIA. Je lui rappelle que j’avais préparé notre première interview, il y a quelques années…en me trompant de Patrick Éveno. Sa passion pour son boulot ne m’avait heureusement pas laissé le temps de placer une bêtise !
— Sur Linkedin, chaque semaine, cinquante personnes suivent mon profil grâce à cette homonymie. C’est une usurpation de notoriété !
C’est une sorte de distanciation, comme ton retour à Annecy. Tu as quitté CITIA, tu as mis en place une autre démarche mais il n’y a pas de coupure totale.
Mickaël Marin et moi nous parlons pratiquement toutes les semaines sur un registre amical avant tout. Il me donne des nouvelles. Je suis très attentif à ce que je peux trouver comme informations. Mon attachement à CITIA, au Festival reste très profond même après les quatorze ans que je leur ai consacrés.
Le parcours d’une passion
La Drôme, la Haute-Savoie, la Rochelle maintenant.
Pas facile d’y trouver une cohérence (rires).
La cohérence, c’est toi, ta passion.
Oui, effectivement. Y compris dans l’étape actuelle. Elle me permet de retrouver mes racines et l’Atlantique.
Le lac d’Annecy n’est pas assez grand ?
Il manque d’iode. À La Rochelle j’ai créé une micro société pour continuer à œuvrer dans le domaine de l’animation autour de l’animation de conférences surtout. À Annecy, je propose des work in progress. Je me tiens informé, j’ai un réseau. À Angoulême, le sujet de la manifestation m’intéresse beaucoup. Il s’agit de la relation entre les instituts de formation et l’industrie de l’animation. Les articulations, les dialogues pour préparer l’avenir en trouvant les adéquations pertinentes. À Annecy, je ne suis pas pour rien dans la création des work in progress. C’est passionnant parce chaque fois un projet différent, un film différent, une équipe, un état d’esprit différents. C’est un bonheur de rentrer dans ces projets et de les transmettre le mieux possible au public présent ainsi qu’à celui qui va suivre en ligne cette année.
Patrick Éveno et Marcel Jean
La curiosité comme moteur
Il faut des compétences techniques, professionnelles combinées avec une curiosité permanente qui s’adapte à chaque situation.
Oh ben oui ! (répond Patrick Éveno, comme si c’était évident pour tout le monde).
Parfois les experts se sclérosent.
Sylvain Tesson dit que les experts sont les spécialistes de l’invérifiable. Comme le reste de la société, le domaine de l’animation est extrêmement mouvant. Si tu ne t’informes pas pendant six mois, tu es largué. Même si je ne bossais plus, je continuerais sans doute de m’informer parce que ça m’intéresse. À plus forte raison si j’interviens encore dans le domaine de l’animation. Ce qui change par rapport à mes années professionnelles, c’est que les projets auxquels je participe sont bien identifiés, délimités dans le temps.
Un regard sur l’évolution de l’animation
Avec le recul que tu as pris, comment vois-tu l’évolution des choses à Annecy et en général ?
Je ne donnerai pas d’avis public sur Annecy. Après avoir déjeuné avec Yannick Heude je suis admiratif de ce qui se fait au niveau économique. Mickaël Marin vit une période délicate à cause du virus après une première année flamboyante. En ce qui concerne l’évolution générale, je suis toujours en train de balancer. Je me dis « Tu es old school ». Beaucoup de gens se demandent s’il est bon d’aller si vite. S’il faut appuyer sur le bouton avant d’avoir réfléchi.
La dimension économique prendrait le pas sur le reste ?
Même pas. Ce serait plutôt une obligation sociétale de l’instantanéité. Il faut parfois être très réactif mais on a souvent le temps de « tourner sept fois la souris avant de répondre à un mail » On retrouve cette pression de l’instant en politique. L’ère Trump en a été la caricature.
Michel Ocelot
D’où l’intérêt d’aller voir l’exposition que le Château d’Annecy consacre à Michel Ocelot.
Il a une constance dans l’exigence sans être figé sur des techniques. La technique est au service d’un projet artistique. Le conte raconte en mettant à distance histoire et spectateurs. Et puis, même si on ne doit pas ramener Michel Ocelot à ça, sans Kirikou, tout ce que nous vivons à Annecy depuis vingt-cinq ans n’aurait pas existé.
Ta carrière aurait été différente.
Quand j’étais à Folimage, sans Kirikou il n’y aurait pas eu La prophétie des grenouilles.