Sabine Delahaut et Adel Bentounsi, Exposition « Épars »
14 février 2022L’exposition Épars réunit des œuvres de Sabine Delahaut et Adel Bentounsi. Elle se tient jusqu’au 9 avril à L’Espace d’art contemporain Le Mikado Annecy. Talpa a rencontré Sabine Delahaut alors qu’on accrochait les dernières œuvres.
« Épars »
D’où vient le titre de l’exposition ?
Amandine Tochon, responsable de l’Espace d’art du Mikado, nous l’a proposé. Il réunit les démarches d’Adel et la mienne, et me convient parfaitement. Je pense particulièrement à cette série représentant un personnage qui tombe, qui flotte.
En plus de la dimension cinétique, du mouvement, il est possible d’y voir une forme d’humour avec ce personnage qui fait partie de la série et semble l’observer.
J’aime introduire de l’humour dans mon travail, sinon il pourrait paraître tragique.
Le mouvement inclut l’humour
L’humour est aussi un mouvement par rapport à l’orthodoxie, à l’ordre établi.
Je donne d’ailleurs des titres qui ne décrivent pas mes travaux mais constituent des ouvertures, des pistes de réflexion. Quand je démarre une idée, elle comporte plusieurs strates. Je compose les dessins à la manière de puzzles à partir d’images, de photos que j’ai trouvées. J’aime qu’on le sente dans le résultat qui réunit des époques et des esthétiques différentes. D’où le titre de celui-ci Long time no sea. Je travaille toujours avec en tête ce que je pourrais appeler Border line in utopia. Ici je voulais montrer un monde aseptisé, avec des règles. La nature y est contrôlée mais le chaos ressurgit. Cette série de travaux est en lien avec l’exil, les migrations.
Exil et migrations
On voit ailleurs des fils de fer barbelé. Pourquoi ce thème ?
Dans la série Fantasmas de Guernica j’évoque la dimension universelle de Guernica. J’a i repris des images de ma famille, de ma grand-mère qui avait voyagé sous les bombes avec son bébé dans le landau. Guernica peut être transposé en Syrie, partout. S’en est suivi mon intérêt pour les migrations, l’exil et le déracinement.
Lier, délier, relier
Un thème récurrent de mon travail est l’absence de communication, l’incompréhension, la nécessité d’instaurer des dialogues, de créer du lien, de confronter les cultures. Cette absence de communication peut nous couper de nous-mêmes, de notre culture. Mes travaux précédents comportent des animaux qui cherchent un dialogue impossible avec les humains. Alors que nous sommes hyper connectés, de plus en plus de murs se dressent entre nous. De Guernica, je suis passée à ces foules déplacées qui cherchent des solutions et essayent de briser des préjugés, des murs, des barbelés.
L’esprit en mouvement
On peut voir aussi une inspiration surréaliste dans vos œuvres.
Elle est encore plus marquée dans d’autres travaux. Elle tient d’ailleurs à ma manière de composer les images.
Le titre Épars est justifié mais l’ensemble est cohérent pour l’œil du spectateur.
C’est comme ça que je construis mon travail. Je ne sais pas au départ. J’aime introduire des éléments historiques, des pièces archéologiques, je mélange différentes cultures et périodes parce que l’Histoire est cyclique. Je pratique la gravure et le dessin. Celui-ci est plus spontané, moins contraignant. Il me permet de travailler toute une série en même temps. C’est idéal pour rendre le mouvement.