Amours pas toujours

Amours, vous passez et remplacez les amours passées. Le long des routes vous criez la passion envolée…vite remplacée.

Aurore Salope

Cette affirmation péremptoire orne depuis des années une pile de pont du sud de la Bourgogne, côté mâconnais. Un bombage à la peinture noire et en lettres géantes qui s’impose aux yeux de milliers d’automobilistes depuis des années.

On est en droit de se demander quel est le sens exact de ce cri du cœur. Faisons remarquer auparavant que ladite Aurore a certainement changé depuis si longtemps  que l’appréciation portée sur elle n’est peut-être plus pertinente.

Salope ! S’agit-il d’une dénonciation pour tromperie sur la marchandise, sur la qualité ou la fiabilité de celle-ci ? On parle même parfois de traçabilité. Serait-ce un compliment arraché par les talents cachés de la personne évoquée dont le caractère exceptionnel auraient littéralement forcé l’auteur de ce bombage à partager l’intensité de son émotion ? Une sorte de déclaration d’amour, un peu à la manière d’un « Jésus reviens ! », ou d’un « Nicolas reviens ! » ou d’un « Le Pen arrive ». Un trop plein émotionnel. Un « Salope » admiratif.

Gardons-nous de juger hâtivement et laissons à Aurore elle-même le soin d’apprécier à sa juste valeur cette déclaration publique que personne n’a osé faire disparaître alors que les affiches électorales se succèdent  au rythme des saisons et des promesses non tenues.

   Peut-être faudrait-il conseiller à nos responsables et à leurs collaborateurs de travailler leurs formules afin que personne n’ose les effacer de la mémoire des électeurs.

    Repassant, ce mois de juillet 2015, sur la route qui relie Cluny à Massilly et au-delà à Taizé et au reste du mond, je n’en crois pas mes yeux. Le « Aurore salope ! » qui ornait la pile de pont a été recouvert à la peinture d’un superbe soleil levant. Message d’espoir en période de crise, d’encouragement à l’amour .

   On ne peut que se perdre en conjectures (comme on dit habituellement) sur l’auteur de cette œuvre artistique. L’auteur initial pris de regret ou ayant renoué avec Aurore ? Aurore elle-même ayant pris des cours de peinture pendant plusieurs années pour livrer cette œuvre à l’œil de l’automobiliste ? La police afin de faire oublier au même automobiliste le radar qui le guette un peu plus loin ?…

    Toujours est-il que ce palimpseste nous raconte une histoire et embellit notre route et notre esprit.

Juin 2025

Le temps fait son œuvre. Aurore s’efface peu à peu. Elle laisse place à Margaux,  Aurélie et Camille. Est-ce une forme de résilience ? Un polyamour ? Allez savoir.  «  Sous le pont Mirabeau coule la Seine / Et nos amours… ». «  Sur le pont passe le TGV/ Et sur la pile nos amours… »