Audiovisuel public & réforme

Audiovisuel public & réforme

8 mai 2025 0 Par Paul Rassat

Mme Rachida Dati se dit déterminée « sur » la réforme de l’audiovisuel public. Elle en parlait le 7 mai 2025 sur les ondes de France Inter.

Les propos de Rachida Dati

« Cette réforme de l’audiovisuel public, elle part de plusieurs constats. Le premier, vous avez de plus en plus de groupes privés qui peuvent être aussi des enjeux d’influence…Il est important que l’audiovisuel public soit préservé et protégé…Le deuxième point, les audiences…

— Sont bonnes ( l’interrompt Léa Salamé). — Chez qui ? Plus les jeunes, plus les classes populaires. Ça devient un club. C’est CSP+ et plus âgés. C’est une réalité…Je considère que c’est un service public qui doit s’adresser à tout le monde et sur tout le territoire.

Le troisième sujet, c’est les plateformes. Il faut pouvoir résister aux plateformes par des investissements massifs mais une gouvernance unique, une stratégie convergente…

Léa Salamé — Il y a de plus en plus de moins de trente-cinq ans qui écoutent France Inter.

Rachida Dati — Et sur les classes populaires, ça vous intéresse ou pas ?..Pas sur les classes populaires et pas sur les jeunes…et vous avez plus de fréquences (Ce qui signifie qu’il faut relativiser les audiences). Je reçois tout le monde sur cette réforme. Elle fait…elle commence à faire consensus. Votre présidente, Mme Sibyle Veil, je l’ai appelée. Elle est peut-être dans le couloir, parce qu’il faut arrêter de caricaturer…Nous sommes une anomalie en Europe. Ils sont tous regroupés pour pouvoir justement être pluralistes, pour s’adresser à tout le monde et pas uniquement s’informer… »

Éloge du chantier

L’intervention de la ministre de la culture se terminera par l’évocation de son père maçon qui pouvait écouter France Inter sur les chantiers et le souhait que cela reste possible.

Procédés du discours

On relèvera le côté pugnace de la ministre : «  Ça vous intéresse ou pas ?… » Et puis  la méthode Coué auto prédictive : « Elle fait…elle commence à faire consensus. » Mais aussi la désignation d’une personne qui caricaturerait la réforme. Procédé qui pourrait passer pour une menace. Et, boomerang culturel populaire, la ministre ne peut se retenir de brocarder cette actrice qui, lors de la remise des Molière, parlait de culture populaire* alors qu’elle portait des talons hauts !

Le théâtre et les jeux du cirque

Il y a depuis très longtemps le théâtre et les jeux du cirque. La culture et le divertissement. L’audimat des jeux du cirque consistait à lever ou baisser le pouce. Stop ou encore. Au lieu de céder à une vision réductrice de la culture populaire, pourquoi ne pas tenter d’élever le niveau scolaire ? Non pas par le recours à la discipline mais par une réflexion véritable. Dans les années 90 les 2/3 de cette classe de troisième ne parvenaient pas à lire d’une traite les quarante pages de Boule de Suif, la nouvelle de Maupassant. Les élèves ne savaient plus lire couramment. Même sur France Inter aujourd’hui, combien d’émissions entre copains, pour passer un moment ensemble, pour parler de l’entre soi ? Peut-être faudrait-il dépoussiérer la transmission de la culture, mais pas son contenu, ni une certaine exigence.

Anomalie ou exception ?

Quant à l’anomalie que constituerait l’audiovisuel public français ! N’oublions pas l’exception culturelle française. Elle protège le livre, le cinéma. Est-elle une anomalie ?

* La culture populaire est un axe important de Talpa Mag. Vous la retrouverez évoquée dans de nombreux articles ( recherche avec la loupe, en haut à droite de l’écran).

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