Bonheur
9 août 2025Le bonheur vient de bon heur, ce qui est de bon augure. À la bonne heure ! Pour certains il est dans le pré. « Cours-y vite, cours-y vite… » Le soir du 7 août, le bonheur éclatait aux Grandes Heures de Cluny, en l’église Saint-Marcel.
Un aperçu du bonheur
On en avait déjà eu un aperçu l’après-midi, pendant les Petites Minutes. Chelsea Marylin Zurflür, accompagnée au piano par Fernando Loura se faisait la voix. Jungrae Noah Kim écoutait et conseillait. Une voix capable de monter d’éclat en éclat sans exploser. Sur le fil, des ondulations brodent, l’enrichissent. S’il semble incroyablement fragile, incroyablement crescendo, le fil est de cette matière plus insaisissable que la soie qu’il surpasse en force, en finesse, en légèreté. Nous nous envolons au gré des acrobaties vocales dont la chorégraphie échappe à la pesanteur.


Photos © Roger Cripps
Exploser le cérébral
Pendant le concert de la soirée l’énergie, la rondeur, la densité et la plénitude des voix emplissaient le lieu.
Chantée, la langue devient étrange, autre et familière à la fois. Phrasé, intonations, rythme, enrichis du jeu des chanteurs-acteurs créent un sens qui dépasse celui des mots. Le geste se joint à la voix pour jouer les situations. La virtuosité se fait expressive. Pas besoin de musique amplifiée : la réception en est naturellement amplifiée. Cette exploration de la langue permet de la faire exploser dans la force, la douceur, l’originalité et l’intensité, dans la pureté des sons qui portent le sens et les sensations. Ouragan pour le cérébral ravi d’être submergé.
Générosité
Par sa jeunesse, sa vivacité et sa générosité le trio vit sa musique et le plaisir du public en est accru. Générosité qui allait jusqu’à donner trois airs supplémentaires afin de prolonger le bonheur. Jusqu’au’ final avec le Laci darem la mano du Don Giovanni de Mozart. Alors la soprano et le baryton descendent de la scène pour rejoindre la nef, au milieu du public et agrémenter ensuite leur jeu de « Ciao » chantés et gestuels.
Chacun a eu l’impression que le concert était donné pour lui et que cet « au revoir » lui était personnellement destiné. Bonheur aux Grandes Heures.