Borne : ne pas la dépasser

Borne : ne pas la dépasser

9 janvier 2024 Non Par Paul Rassat

Madame Borne, notre première ministre, est-elle arrivée à terme ? La borne, habituellement, est la limite, le terme. Un terme qui arriverait à terme, n’est-ce pas redondant ? Épuisée par de nombreuses rafales de 49.3, notre Borne nationale pourrait devenir migrante. Elle migrerait vers d’autres cieux plus accueillants. Édouard Philippe a lui-même migré dans Horizons, une promesse de mouvement permanent puisque la ligne d’horizon recule à mesure qu’on avance. Avec des horizons au pluriel n’en parlons pas ! Prenant à la lettre la confidence que Macron n’est pas le Père Noël, Édouard y a laissé sa barbe. Jean Castex a migré à la SNCF : il continue de voyager avec son entrain de première classe habituel.

Migrations diverses

Les grandes migrations cinématographiques comme L’âge de glace trouvent leur aboutissement avec le film Migration. Migrer a plus de succès sur les écrans que sur des embarcations de fortune. D’autant plus que la nouvelle loi sur l’immigration ne facilite pas la situation.

Borne, migration et terme

Un artiste, pour beaucoup, serait un adulte qui a gardé son regard d’enfant. L’adulte est un enfant qui a grandi, qui a crû «  jusqu’à son terme » ; mais sans dépasser les bornes. Malheureusement les adultes sont souvent de grands enfants qui ont cru tout ce qu’on leur a dit. Infans, en latin, l’enfant est celui qui ne parle pas. On peut se demander s’il ne parle pas parce qu’il n’en est pas capable ou bien parce qu’on le lui interdit. Et une fois arrivé à terme, dépassant les bornes de l’enfance, il s’est habitué au silence, déléguant aux autres sa vraie parole. Il continue de babiller par réseaux sociaux interposés.

« On est chez nous »

« On est chez nous » clament les gens qui sont nés quelque part comme le chantait Brassens :

« C’est vrai qu’ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part. »

Ceux-ci ne tolèrent pas la migration, sinon celle des vacances sur les grands routes.

Les voyages forment la jeunesse

Mais ne migrâmes-nous point lors des colonisations en terres africaines qui provoquèrent des opérations de police ou de maintien de l’ordre ? Migrations sémantiques qui auraient tendance à nous revenir à la figure. Le boomerang linguistique serait-il lui-même un effet de la migration ?