Camping politique

Camping : « Activité à caractère sportif ou touristique qui consiste à vivre en plein air, sous la tente ou dans une caravane, avec un matériel approprié. Les joies du camping. » Le verbe camper, le nom campement renvoient d’abord au fait de camper au cours d’une guerre ou d’une expédition.  «  Les François estoient campez en la montaigne et les Bourgignons en la vallée.

Si les camps militaires de Jules César étaient particulièrement bien organisés, il est possible de camper un peu n’importe comment, de façon brouillonne. Ou bien de camper fermement un personnage. Décamper consiste à prendre ses cliques et ses claques pour aller voir ailleurs si l’on y est. Ce mouvement relève quasiment de la téléportation. Malheureusement certains comprirent mal la démarche, qui inventèrent les camps de concentration. Alain Rey écrit à ce propos : « Le travail, dans ce système, est une mise à mort programmée, sous le célèbre slogan, comble d’infamie et de mensonge cynique : Arbeit macht frei, «  le travail rend libre ». Cette très courte réflexion sur le travail est fondamentale.

Revenons au camping. Prenez un mot d’origine latine et passé par le français, que nous pique l’anglais. Ajoutez-lui le suffixe –ing, et le tour est joué ! En 1901, Hiram Holding, un tailleur londonien, fonde le Camping and Caravanning Club après avoir voyagé sous tente. Les premiers campeurs modernes étaient passionnés de nature. Ils furent suivis par celles et ceux qui voyaient dans le camping une façon de voyager à moindres frais. Son explosion sociale eut lieu, en France, avec les congés payés apparus en 1936. On n’a pas encore, à ce jour, de bilan précis de l’opération culture lancée par Rachida Dati dans les campings pour l’été 2025.

Sur le plan du camping politique, en revanche, les bilans sont clairs. Cette nouvelle tendance explose. Un premier gouvernement Édouard Philippe dura un mois. Le second avait mieux monté sa tente : 3 ans. Le camping Castex s’installa pendant deux ans. Le premier camping Borne se limita à deux mois ; le suivant survécut 17 mois. La tente Attal tint 5 mois. Le barnum Barnier plia avant 3 mois.. Bayrou ne tint pas le temps d’une grossesse. Lecornu a mis du temps à accoucher d’un gouvernement qui confirme la formule «  Il faut que tout change pour que rien ne change », mais en l’inversant : « Il faut que rien ne change pour que tout change. »

Ce texte commencé ce lundi 6 octobre 2025 vers 8h30, interrompu au passage qui précède pour cause de courses non pas à Longchamp mais dans les commerces environnants, ce texte montre sa pertinence à un point que son auteur ne pouvait pas imaginer. Lecornu a démissionné ! Son gouvernement n’aura pas duré 24 heures. Même pas le temps de planter correctement les sardines pour tenir la tente.

Une proposition. Si tout se passe comme semble l’indiquer le contexte, Monsieur Nicolas Sarkozy devrait passer 5 ans en prison. Un lieu stable s’il en est. Pourquoi ne pas le nommer premier ministre ?

PS

Lecornu est ressuscité à la tête d’un énième gouvernement. Dans ce maelström incroyable, la culture tient la barre grâce à Rachida, inamovible dans son camping ministériel trois étoiles.