Carpe diem

Carpe diem

8 juin 2025 0 Par Paul Rassat

Suite de la série de textes sur la notion de centre. L’homme n’étant nulle part où il pense et le temps n’existant pas, quid du « Carpe diem » ? (Dessin de Roland Topor,  » Pas si loin »).

La gare de Perpignan

Si l’homme n’est pas là où il pense (et où il pense être), où est-il ? Pourquoi éprouve-t-il le besoin de penser un centre du monde qui ne soit pas le centre de la Terre ? Salvador Dali avait répondu à cette question par une forme de provocation en affirmant « La gare de Perpignan est le centre du monde. »

Dans Le poids du papillon Erri De Luca poursuit : « Là où se pose le papillon, c’est le centre…Les animaux savent le temps à temps, quand il est utile de le savoir. Y penser avant est la ruine de l’homme et ne prépare pas à être prêt…Le présent est la seule connaissance qui est utile. L’homme ne sait pas vivre dans le présent. »

Ce qui passe quand rien ne passe

 Citons Albert Jacquard dans La science à l’usage des non scientifiques. Pour Richard Feynman, prix Nobel en 1965 : « Le temps, c’est ce qui passe quand rien ne se passe ». Saint Augustin, lui, constate : « Je ne sais pas ce qu’est le temps, mais je sais que si rien ne se passait, il n’y aurait pas de temps passé. » Pour Feyman le temps est « une réalité autonome », pour saint Augustin « le temps est le produit de la succession des événements. » Outre la difficulté de définir le temps, la question de sa continuité ou de sa discontinuité, chacun le perçoit différemment comme l’a montré Einstein. Pour la science le temps n’existerait pas ; ce que nous mesurons et percevons, c’est la durée.

« Espace temporel » Roland Topor.

L’état des choses

 « Mais le paradoxe le plus crucial concerne la place de l’avenir dans notre perception de la durée. Il nous obsède alors…qu’il n’existe pas. Rien dans la nature ne tient compte de lui. Du moins est-ce l’hypothèse de base de la réflexion scientifique. Le cosmos est regardé comme n’ayant pas d’intention, pas d’objectif. Les forces en présence font ce qu’elles ont à faire ; elles tiennent compte de l’état présent des choses, parfois du passé ; elles connaissent hier et aujourd’hui, mais elles ignorent demain ; elles ne peuvent mettre en œuvre ce personnage fictif qui n’est joué par aucun acteur… »

Courir après le vent

Quant au présent, il nous échappe « : le temps qui s’écoule pendant que je dis « je suis » transforme la phrase en un « j’étais »… Notre existence réelle est évanescente ; essayer de saisir l’instant présent est aussi vain que de courir après le vent… »

Carpe diem.