Compromis

Compromis

25 septembre 2024 Non Par Paul Rassat

Contrairement à ce que l’on croit généralement, le mot compromis ne désigne pas une négociation dans laquelle chacun lâche du lest. Un compromis consiste à s’en remettre à un juge en cas de différend. C’est une forme d’engagement. Coluche disait : «  Compromis, chose due. » Le tout étant de ne pas se faire baiser dans l’affaire.

La culture Barnier

Michel Barnier est un fin négociateur, paraît-il. Il a négocié la sortie de l’Europe de l’emprise britannique. C’est dire ! Tout comme la Savoie a réussi en 1860 le rattachement de la France à son territoire. Michel Barnier est un adepte de la culture du compromis, nous dit-on. Il est vrai que diriger un gouvernement constitué de membres d’une droite qui a ramassé une gamelle aux dernières élections nécessite des compromis étonnants.

La langue du compromis

La culture du compromis nécessite le recours à une langue adaptée. On pense ici à ce bon La Fontaine et  à sa fable Le chien et le loup. Le second rencontre un dogue « aussi puissant que beau ». Le combat serait incertain. « Le Loup donc l’aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint, qu’il admire… ». On connaît la fin de l’histoire : même affamé, le loup préfère sa liberté aux reliefs de repas jetés par les maîtres et à la chaîne qui l’attacherait. On reverra avec intérêt le téléfilm Saint-Germain ou la négociation. Le compromis y est porté à son plus haut niveau de rouerie. Mais on ne peut soupçonner Michel Barnier d’insincérité ( le mot est à la mode, il édulcore).

Édulcorer

Michel Barnier édulcore en surface pour agir avec poigne en profondeur. « Une main de fer dans un gant de velours.» « Va falloir augmenter les impôts » eût été trop direct. Même si les impôts devenaient des taxes ou des prélèvements. On ne tue pas des loups, on les prélève. Michel Barnier déclare donc : «  Je ne vais pas exclure que les personnes les plus fortunées participent à l’effort national. » Formulation édulcorante d’une menace bien concrète ! Au lieu d’un simple présent affirmatif : «  Je n’exclus pas », une possibilité, une éventualité : «  Je ne vais pas exclure… ». «  Les riches » deviennent «  les personnes fortunées ». Vous connaissez dans votre entourage des personnes fortunées ? Et, cerise sur l’impôt « : «  l’effort national ». Le plus important est peut être ce qui n’est pas énoncé. L’effort est national, tout le monde y participe ! Pas que les personnes fortunées.

Amphigouri

« Discours ou écrit burlesque, volontairement obscur ou incompréhensible…galimatias ». Le discours de Michel Barnier n’est pas totalement amphigourique parce qu’il n’est pas burlesque. Il ne fait pas rire. Si ? Non !

L’ordre

Bruno Retailleau, nouveau ministre de l’Intérieur déclare : «  J’ai trois priorités : rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre . » Aucun compromis, mais c’est normal : à quoi servirait un ministre de l’intérieur qui se satisferait de l’ordre ou du désordre dont il hérite ? La véritable question est plutôt : « De quel ordre s’agit-il ? » Celui qui relie les choses et les gens harmonieusement ? Celui qui range ? Qui classe, qui hiérarchise ? L’ordre apparent qui pèse sur le désordre fondamental et le cache ? Celui qui tranche entre la violence légitime de l’État et les violences inadmissibles( qui sont parfois inadmissibles) ? Dans la déclaration de Bruno Retailleau pointe une référence à l’ordre de la Trinité, le Père et l’ordre, le Fils et l’ordre, le Saint Esprit et l’ordre. Un ordre, ça va. Trois ordres, bonjour les dégâts ! »

À la régulière ?

Impossible de savoir pourquoi, à écouter cet appel du ministre revient à la mémoire ce « Taïaut, taïaut, taïaut, ferme ta gueule lui répondit l’écho . » Bruno n’est pas un adepte du compromis ? Il va rétablir le délit de séjour irrégulier au poste de ministre de l’intérieur à ce qu’il dit.