Dali 2 – Gala

Dali 2 – Gala

5 septembre 2024 0 Par Paul Rassat

Après le tome un , Dali avant Gala, Julie Birmant et Clément Oubrerie poursuivent l’aventure. Dali 2 – Gala est une révélation, pour Dali et pour le lecteur. Alors que les surréalistes, André Breton, Bunuel, Magritte et d’autres explorent un monde et joue avec lui, Salvador Dali le vit de l’intérieur. La page 24 de l’album est une clé. On y lit : « Mais non, je ne suis pas fou…Je cultive ma folie, je l’arrose, une question de dosage. Et donc la seule différence entre un fou et moi…c’est que je ne suis pas fou… » Mais on sait que qu’un fou se prenant pour Louis XIV affirmera avec force qu’il n’est pas fou ! C’est le jeu du type qui de voit dans le miroir qui se reflète dans un miroir…Un jeu sans fin.

Nécessité

L’œuvre de Dali répond à une véritable nécessité intérieure. Elle n’est pas illustration mais exsudation de sa propre vie de poète « fou ». Gala lui apporte la flamme indispensable qui lui permet, par l’amour, de transformer en chefs d’œuvres sa paranoïa , ses pathologies diverses. Elle est son ancrage dans la réalité.

Le travail de Julie Birmant et Clément Oubrerie fait penser à l’incroyable Je, François Villon de Jean Teulé. Leur album traduit à la perfection cette nécessité intérieure. À le lire, le regarder, il semble n’y a voir aucun écart entre Dali et le livre que nous avons entre les mains. Tout concourt à  «  vivre Dali » : la qualité du dessin, le propos, le chat facétieux qui tient lieu de voix off alors qu’il est tout à fait in.   

Un coup de hache dans la tête

 Dans Un coup de hache dans la tête Raphaël Gaillard cite Montaigne  « Dans les actions des hommes qui ont perdu le sens, nous voyons comme la folie s’accorde proprement avec les plus vigoureuses opérations de notre esprit. » Pour Diderot, il n’y a pas de grand artiste sans « un petit coup de hache dans la tête. » Ainsi, l’homme « monotone » (vivant sur une seule tonalité) aurait moins de risques de subir des troubles mentaux ? Notre ambivalence conduit au déséquilibre et pourtant, sans cette complexité, pas de créativité. Sagesse et folie ici. Intelligence et stupidité vivant là en couple, comme le montre L’Encyclopédie de la stupidité de Matthijs van Boxsel.

De l’art

Le livre de R. Gaillard se termine sur ces lignes « Il semble juste que ce soit les artistes eux-mêmes qui nous instruisent sur ce qu’est la folie. Non parce qu’ils en seraient frappés, mais parce qu’ils témoignent de ce qui porte en germe et la folie et l’œuvre d’art.

Secret de notre condition humaine. »