Dégueuler
25 janvier 2025Dégueuler : « Vomir…Dégueuloir récipient dont se servaient les Anciens pour se décharger l’estomac ». Il arrive que, malade, la ville dégueule sur sa périphérie. Le 30 avril 2024, à la radio, Philippe Descola disait : « La ville est une pathologie tellement elle est déconnectée de son environnement immédiat. » Son microbiote déréglé se répand alentour. Elle dégueule.
Premiers spasmes stomacaux
Divagations ? Effet des champignons hallucinogènes ? Il semblerait que ceux du Semnoz aient dévalé les pentes de notre bonne vieille montagne à vaches et qu’ils aient produit une champignonnière au bord du lac, à l’emplacement de l’ancien hôpital, un truc faussement foisonnant, hybride et sans identité. Une horreur architecturale. Un truc informe, vaguement prétentieux, dont le dégueulis se fige et se hérisse en une falaise dominant la montée de l’ancien hôpital dans une proximité menaçante accrue par le revêtement d’écailles grisâtres qui recouvre les murs. Un crocodile aurait quitté le lac d’Annecy pour se vautrer sur les contreforts du Semnoz.
Vomissements
Allons plus loin que Philippe Descola. Si la ville était coupée de son environnement naturel, ce serait un moindre mal. Annecy se répand, la ville vomit son trop plein de gens, de citadins, de touristes, de sportifs grâce à la piste cyclable dont elle s’ennorguillit. Au lieu de respecter les environs, elle les grignote et les contamine. Ils deviennent un exutoire. Dans Relions-nous, Emanuele Coccia évoque la création de la ville. Il écrit « La ville est donc essentiellement un jardin et dès le départ une association avec une population végétale. » Ayant privilégié le commerce, l’événementiel et le tourisme, Annecy se trouva fort dépourvue quand le réchauffement fut venu. Elle alla crier famine auprès des communes voisines et, d’autorité, se déversa sur la périphérie demeurée verte. Soupirs d’admiration, cris d’extase du touriste découvrant le paysage , bavardages du cycliste entremêlés de coups de pédales, trottinettes, véhicules divers à roues et à moteur : le vomitorium fonctionne à plein et il est question d’élargir la piste cyclable. devenue voie verte.
Vases communicants
Le fameux principe des vases communicants allège la ville cependant qu’il provoque, côté route, embouteillages et pollution, bruit et stagnation. Les vases communiquent mieux que nos zélus. Ceux-ci en sont à souligner de traces de peintures ondulées la proximité du lac que tout le monde peut voir cependant sans recommandation spéciale ni rappel peinturluré. Les écologistes, et l’écologie est fondamentalement nécessaire, oublient que le bruit est une pollution. Ils oublient aussi que l’égoïsme urbain n’est pas l’un des fondements écologiques. La communication entre la ville et son environnement ne doit pas se faire dans un seul sens. Il ne faut pas transformer l’un des deux vases communicants en pot de chambre.
Excellent ton article ! Percutant et si vrai ! Tu ne vas pas te faire des amis parmi les élus ! Mais avec un peu d’intelligence, d’humilité et du bon sens ( hélas qualités de nos jours mal partagées) à te lire, is pourraient revoir leur politique d’aménagement.