Du roi je serai l’assassin  roman initiatique et alchimie

Du roi je serai l’assassin roman initiatique et alchimie

18 mai 2021 Non Par Paul Rassat

De Grenade à Montpellier au 16° siècle

16° siècle. Grenade. Simon le morisque et sa sœur jumelle quittent Grenade et leur père beaucoup trop autoritaire qui les envoie suivre des études de médecine à Montpellier. Restaurer Al-Andalus tient lieu de toile de fond à cette partie du roman. Aux abords de Montpellier les accueille Peter, étudiant allemand et huguenot. Il leur parle latin alors qu’ils ont laissé derrière eux le castillan et que se pratiquent les langues d’oïl et d’oc suivant les régions. Montpellier est un maelstrom culturel, scientifique, religieux. On y rencontre des maranes, catholiques et protestants s’y affrontent. Un cinquième des cent étudiants viennent de la péninsule italienne, de Suisse, d’Espagne, des Îles britanniques, de Pologne, d’Allemagne. Au cœur de ce tourbillon, Simon le morisque est devenu Silas le Turc et commence à s’affirmer.

Un roman initiatique

Ce roman est un récit initiatique. Il nous promène dans toutes les influences d’une époque en perpétuelle transformation qui voit naître les guerres de religion. L’Inquisition pèse sur la société. Empires et royaumes se remodèlent. On croise un Nostradamus plus habile aux recettes de fruits confits qu’à l’alchimie. Science et hermétisme voisinent. Comme, dans la bibliothèque de médecine, les livres grecs anciens, italiens, montpellierains avec ceux d’Avicennes, d’Averroès ou d’Albucacis. Dans l’élan de ce siècle se mêlent, se heurtent tants de mouvements ! Comment y être soi-même ? Simon découvre sa véritable identité au sein de toutes ces influences. Il la ressent jusque dans son intimité la plus profonde. Elle n’est pas destinée à demeurer enfermée dans des catégories prédéfinies. C’est par cette recherche permanente de soi que vaut le roman de Jean-Laurent Del Socorro de qui l’érudition sous-tend le récit.

Du 16° siècle à notre époque

L’auteur évoque la condition des femmes, les injustices qui leur sont faites, leur rôle véritable dans la société. Le tout est émaillé de citations de Du Bellay, Ronsard, Rabelais, tous écrivains contemporains comme l’est pour nous la peinture actuelle. Le parallèle s’impose avec notre époque. Guerres liées à la religion, exilés, recherche d’identité à travers la foi, la sexualité, les causes à défendre. Essayez de retrouver les équivalents actuels des monfis, morisques, conversos, maranes… La matière de ce roman était suffisamment dense historiquement pour éviter de lui donner une trop forte tonalité fantasy. L’alchimie aurait suffi. On aurait pu se contenter aussi des chapitres situés à Grenade et à Montpellier. Reste une fresque solide, agréable à lire et parfaitement documentée.