Effacer le réel

Le verbe effacer vient du latin exfaciare, formé de ex , « hors » et de fascies , « visage » . Il s’agit d’ôter la forme, l’aspect, d’enlever la face. Lors de la séance précédant le vote de confiance, François Bayrou a déclaré qu’il est possible de faire tomber un gouvernement mais qu’on ne peut pas « effacer le réel ».

Pour ne pas perdre la face, l’encore premier ministre avait trouvé cette expression. Le réel se réduisant à la dette. On ne peut pas effacer la dette. C’est le réel.

Idiotie

En 4° de couverture du livre de Clément Rosset Le réel, traité de l’idiotie, on lit : « Le réel est ce qui est sans double : il n’offre ni image, ni relais, ni réplique ni répit. En quoi il constitue une « idiotie » : idiotès, idiot, signifie d’abord simple, particulier, unique, non dédoublable. Traiter de l’idiotie est évoquer le réel. Un réel lointain, car à jamais reléglable dans le miroir. Un réel voisin, car toujours en vue…aucun génie philosophique ne peut, à lui seul, produire et remplacer : l’art de faire coïncider le désir et le réel, qui est la définition de l’allégresse. « 

Travailler l’allégresse

Prenons par l’autre bout le raisonnement de Clément Rosset. La dette serait le réel, ou le réel la dette. Le désir existe bel et bien ; celui de pouvoir chez tous les gens qui n’ont en vue que le pouvoir sous couvert de servir la France. Reste l’allégresse. On la cherche chez nos élus, chez nos dirigeants, chez les aspirants au pouvoir. Alors pourquoi ne pas travailler l’allégresse afin d’envisager le réel grâce au désir d’agir et de vivre ensemble, dans l’harmonie ?

De la dette il sera question dans un prochain article de Talpa écrit à partir du livre de David Graeber Dette 5000 ans d’histoire.

François Bayrou est propriétaire de chevaux de course. Les courses s’organisent avec un handicap. Il devrait en aller de même pour la dette. Établir un handicap en fonction des capacités de chacun. Mais FB a refusé l’obstacle au lieu de l’effacer.