Expérience

Expérience est tendance. Tout devient expérience. Ce directeur de grand magasin parisien affirme ne plus vendre des produits, mais des expériences. La vie entière devient expérience. Le dictionnaire nous dit de ce mot : « Fait d’acquérir, volontairement ou non, ou de développer la connaissance des êtres et des choses par leur pratique et par une confrontation plus ou moins longue de soi avec le monde. » Et c’est ainsi que nous pratiquons le monde. Sachant que l’expérience ultime est l’immersion.

Expérimentons donc

À l’heure des élections, certains penchent pour  tel ou tel parti, c’est normal. Certains pour un parti «  qu’on n’a jamais essayé. » Tentons l’expérience ! Mais une fois en immersion, sera-t-il temps de quitter l’expérience si on le jugeait nécessaire ?

Sommes-nous des grenouilles ?

« Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.

Ce récit, presque entièrement fictif, insinue que lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction ni opposition ni révolte. Les phénomènes d’adaptation, généralement bénéfiques à l’individu et aux sociétés, se révèlent finalement nocifs. » À retrouver sur wikipedia.

Roulette russe

La roulette russe est l’exemple type d’expérience qui pourrait sembler idiote si le hasard et l’acceptation de son rôle déterminant dans nos vies ne nous éclairaient pas.

Le principe, bien connu, consiste à placer une cartouche dans le barillet d’un revolver qui peut en contenir six, à viser sa tempe et à appuyer sur la détente. Si l’on est encore en vie après cette tentative, c’est qu’on a gagné. Ou perdu. Oui, perdu. L’origine de ce jeu est incertaine. Un duel entre officiers pour les uns et les yeux d’une belle, des officiers obligeant des prisonniers à risquer leur vie de cette manière pour les autres.

Origine

Une autre version semble pouvoir s’imposer, qui inverserait la signification de ce jeu. Par un très rigoureux hiver sibérien du 19° siècle, six compères , Vladimir, Boris, Nikita, Joseph, Léon et Grigori se rendent compte qu’ils n’ont plus de vodka et que la vie ne vaut plus d’être vécue. C’est le départ de ce fameux mouvement nihiliste russe. Ils ne disposent que d’une arme, un revolver, et d’une seule cartouche. L’arme circule jusqu’au moment où le coup part, tuant l’un des compères (l’histoire ne dit pas lequel) et le délivrant ainsi d’une vie de misère et de souffrance.

Variantes

La roulette belge se pratique avec six cartouches dans le barillet. La roulette étatsunienne avec une chaise électrique. La version japonaise avec six sabres dont un seul vraiment affûté. La chinoise avec une seule balle dans un pistolet à un coup, pour condamné à mort. Elle exclut toute intervention du hasard. La suisse est particulièrement originale. On y joue avec six coffres et six combinaisons. Si le candidat associe du premier coup une combinaison au coffre qui lui correspond, il gagne le contenu du coffre ; sinon il travaille à vie pour la banque qui organise le jeu. La nord-coréenne se pratiquerait, paraît-il, au canon. La française consiste en une dégustation à l’aveugle de six verres, dont cinq de piquette et un de grand cru.

 Ainsi le hasard s’adapte aux cultures, aux climats et aux conditions locales comme les lois de Montesquieu. Il n’est de bon hasard que de chez soi ! La dissolution serait-elle une nouvelle version de la roulette russe?