Faute
12 septembre 2025Faute : fait de manquer, absence de quelque chose. « Faute de grives, on mange des merles. » Manquer à quelque chose. Manquement à une règle, à la morale. Manquement aux préceptes d’une religion. Imperfection.
« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire
Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. »
Étymologiquement, la faute est le fait de faillir. À l’inverse, promettre sans faute, signifie « à coup sûr. » Venue du latin fallitus la faute voisine avec falsus, « faux », avec fallere, « tromper » et avec la faille. Le coupable est celui qui a commis une faute. Il doit battre sa coulpe, celle-ci étant une faute morale, un péché.
C’est pas moi, c’est l’autre
Autant il vaut mieux battre le fer quand il est chaud, autant battre sa coulpe est difficile. Bien souvent, nous rejetons la faute, le péché, la culpabilité sur l’autre. Les théories du bouc émissaire énoncées par René Girard rendent bien compte de ce phénomène. L’agneau de Dieu qui porte les péchés du monde et dont le gigot pascal est si bon, avec ou sans pointe d’ail, de sept heures ou moins, en est un autre exemple. À y bien réfléchir, en mangeant l’agneau de Dieu qui porte les péchés du monde, on mange ses propres péchés comme on avale l’hostie qui est le corps du Christ.
Écoféminisme
En 4° de couverture du livre Cause animale et écoféminisme, de Josephine Donovan, on peut lire : « L’assujettissement des femmes est étroitement lié à la volonté des hommes de dominer le monde vivant. Comme le relevait Françoise d’Eaubonne, à qui ont doit le néologisme « écoféminisme », l’accaparement immémorial de la fertilité des sols et celui de la fécondité des femmes ne résultent pas du système patriarcal : ils en constituent la racine. »
Vivere civile
On lit au fil du livre : « La culture masculine symbolise le contrôle sur la nature. » « La civilisation…, l’histoire, la culture, enfin tout le vivere civile qui constitue le monde de l’être humain adulte et autonome, sont…des entreprises masculines, gagnées et maintenues contre le pouvoir féminin-contre la mère dévorante…, la femme comme « autre ». On apprend que l’exploitation de l’animal, sa domestication et son élevage à des fins d’alimentation viennent de cette organisation patriarcale de la société, qui a aussi engendré le capitalisme. Il peut être intéressant de mettre en relation ces affirmations avec les analyses de David Graeber et David Wengrow. Pour eux, il n’y a pas d’évolution linéaire des sociétés mais plutôt des passages d’un fonctionnement à un autre, incluant patriarcat et matriarcat.
Faute de
Peut-être a-t-on tendance à caricaturer faute de recherches et d’analyses précises. On peut alors se laisser porter, à trop vouloir prouver, par des généralisations qui frisent le complotisme. Mais la réflexion n’est pas inutile. Défendre les droits et la situation des femmes permet de faire avancer ceux de toute l’humanité. Penser les droits de la nature, de l’animal permet de réfléchir aux droits humains. Il est préférable d’avancer en unissant qu’en opposant.
Oxymore ?
Un article paru dans la revue Études de septembre 2025 est titré L’écoféminisme chrétien, un oxymore ? Ainsi la notion d’écoféminisme permet de réfléchir à sa foi. Article intéressant mais agrémenté d’anglicismes traduits ou non : « empowerment, empuissancement ou autonomisation, reclaim, establishment. » Ceci rappelle le succès du mot et de la notion de care, dont il est aussi question dans le livre de Josephine Donovan. Il est utile, parfois, de réinventer l’eau tiède qui existe déjà, et de rappeler que le champ sémantique du mot soin couvre largement celui du care. Mais l’herbe est plus verte ailleurs. Bien souvent les idées, les textes, les lois existent déjà, mais on les a oubliés ; ou bien ils ne font pas assez « moderne ». Alors on emprunte, on remouline avec une touche exotique. Et à vouloir s’autonomiser on se soumet à une autre influence. Oxymore, chrétien ou non ?