Fayard
19 décembre 2025Pierre Dac conseillait : « Pour apprendre l’anglais en 3 minutes, rien de plus facile : utilisez un sablier. » Nous pourrions conseiller : pour écrire un livre en 20 jours, faites-vous emprisonner. Rien de plus simple. Et pour écrire un succès de librairie, faites-vous éditer chez Fayard.
À quelques longueurs près, La messe n’est pas dite d’Éric Zemmour se serait vendu à 45 000 exemplaire. Journal d’un prisonnier de Nicolas Sarkozy à 100 000 en moins d’une semaine. Fayard aurait imprimé 220 000 exemplaires du Ce que je cherche de Jordan Bardella. Philippe de Villiers caracole avec 230 000 Populicide.
Hêtre ou être ?
Le dictionnaire des régionalismes de France nous apprend que le fayard est un « arbre forestier de haute taille, à tronc droit, cylindrique, à écorce lisse gris clair, portant des feuilles ovales et des fruits enchâssés dans une cupule. » Être ou ne pas hêtre eût été la question d’un Savoyard ou d’un Cévenol. Ne pas rester de bois devant la complexité humaine, les problèmes qui nous divisent et nous relient à la fois.
Prichepodite
Revenons rapidement sur les titres des trois Mousquetaires. Il a déjà été question du Journal d’un prisonnier. Le Ce que je cherche de Jordan Bardella fait un peu entomologiste. Populicide pourrait ressembler à une pub pour insecticide. Voici peut-être le lien entre Bardella et Villiers, les petites bêtes. Quant à La messe n’est pas dite de Zemmour, elle rappelle que les tradi chrétiens votent pour lui. Il est cependant possible d’être croyant sans pratiquer. Le culte ne fait que rassembler, agréger. Dans un instinct grégaire ? Peut-être ce besoin d’un berger vient-il de là. Le berger cependant peut se révéler guide ou chef. Dans certains régimes politiques on entretient volontairement la confusion. .
En conclusion
« Le Français moyen a des opinions politiques très arrêtées. Il estime que la République est indéfectible, que ceux de la droite ont raison, ceux de la gauche aussi et que ceux du centre ont la notion du juste milieu. » Pierre Dac. L’inconvénient de cette citation est qu’il y est question de Français moyen. Or le Français moyen n’existe que dans l’esprit des statisticiens. Le Français a de moins en moins les moyens d’être moyen. Il est remplacé par le Français de base qui tien l’édifice social à bout de bras. Étant lui-même à bout, il bout , c’est normal. Et son expression déborde de la casserole politique pour se reconnaître dans les livres cités plus haut.
Fayard serait, paraît-il, en train de racheter les droits du livre de Malraux Les Chênes qu’on abat et L’homme qui plantait des arbres de Giono.

