Festival de Malaz, rencontre avec la création et le public
25 juin 2021Reprise du Festival en 2017, 2° édition en 21 (28 juin/3 juillet)
Nous avons repris la direction du Festival de Malaz en 2017 sous l’impulsion de la commune nouvelle qui venait de se créer. Depuis cette première édition il y a eu quatre années de vacance puisque l’événement a lieu en biennale. En 2019 la Maison de Malaz était en travaux.
On en voit le résultat.
En 2020, la crise sanitaire sévissait. On y arrive enfin. Nous sommes dans la maison depuis lundi. On se rend compte qu’il faut tout mettre en place. Canalisations, brosses à toilettes, défauts électriques…on essuie les plâtres mais l’équipe est enthousiaste. Parmi les bénévoles il y a des plombiers, d’anciens électriciens. On arrive à s’en sortir ensemble.
Émergence et jeune création théâtrale
C’est ce qui nous permet de développer une édition ambitieuse sur une semaine complète, du lundi au samedi. La démarche est rendue possible par les volontés croisées de la nouvelle municipalité et de notre équipe. Nous souhaitons travailler sur l’émergence et sur la jeune création théâtrale. L’Auditorium de Seynod se positionne vraiment sur la danse. Bonlieu Scène Nationale travaille avec des artistes déjà reconnus, le Théâtre des Collines travaille dans l’art du geste, le cirque, la magie nouvelle. Nous constatons un manque en matière d’émergence théâtrale locale. Je fais aussi venir des gens d’autres régions parce que la situation est la même partout. Il se trouve que jusque récemment, c’était un peu moins difficile à Annecy. Le départ de Joseph Paléni, les repositionnements de chacun me renvoient à la situation dans laquelle j’étais en sortant du lycée. Il serait compliqué de me construire aujourd’hui.
On m’a offert à l’époque un truc inoui. Joseph Paléni avait pris le risque de me proposer une résidence à l’Auditorium alors que j’avais 18 ans ! C’était presque absurde !
Le Festival, une ouverture au théâtre
La création passe forcément par la prise de risque.
Bien sûr. Mais sur le plan national, de plus en plus de compagnies se créent, de plus en plus de gens veulent faire ce métier. Il y a paradoxalement de moins en moins de place, de moins en moins de budget dans les collectivités. Il est plus difficile d’avoir dans ces conditions un administrateur qui peut aller chercher de nouvelles subventions, qui professionnalise le fonctionnement de la troupe.
Le Festival de Malaz (la plaquette du Festival avec ce lien) ne permet pas de coproduire des spectacles, de leur donner une vie au long terme. Nous offrons cependant un créneau de représentation avec la volonté, autant que possible, d’attirer des professionnels.
Cette ouverture est d’autant plus appréciable en ce moment.
C’est pourquoi la programmation est très chargée. Il y a deux spectacles par soir au minimum. Afin d’ouvrir le plus de portes possible en permettant aux troupes de se rémunérer. Nous y arrivons grâce au soutien de la ville et du département. Il y a aussi nos partenaires locaux qui partagent nos valeurs, dont Les Brasseurs Savoyards.
Rencontres tous azimuts
L’espace offre plusieurs lieux de représentation.
Nous avons une scène intimiste, proche du public pour une jauge de 100 places, plutôt pour les spectacles de 19 heures. La scène des rondins fait 400 places, avec 22 mètres d’ouverture. C’est un très grand plateau, comme celui de Bonlieu, pour des formes larges et puissantes. La scène au bar servira aux concerts du vendredi et samedi soir, aux prises de parole pour l’inauguration, la clôture.
Convivialité, échanges
Création, retrouvailles et circulation, c’est le principe.
Avec la convivialité apportée par la bière bio. Un cuisinier pro travaillera sur place. Nous devons aller à la rencontre des publics. On a soupé de la consommation de spectacles, du public considéré comme de simples consommateurs qui rentrent chez eux dès la représentation terminée. Ceci vaut aussi pour les compagnies qui jouent ici ou là sans esprit de partage parce que le lieu d’accueil ne le permet pas. C’est pourquoi nous développons les rencontres qui auront lieu tous les matins à 11 heures avec les équipes qui ont joué la veille. Cette institutionnalisation permettra un véritable temps d’échange, plus productif qu’en bord de plateau d’après spectacle.
Que le public se sente chez lui : échanges, ateliers hors les murs…
Le cadre de cette Maison de Malaz au cœur de la nature est propice aux échanges.
On retrouve la prise de risque. On sort des salles, de notre tour d’ivoire, comme aurait pu le dire Brecht, pour aller à la rencontre du public sur un terrain qu’il connaît. Dans cette Maison de Malaz il y a eu des mariages, des rencontres amoureuses, des anniversaires. Chacun y retrouve des saveurs particulières. Au fond, nous proposons des spectacles chez les gens. Et des ateliers. Tous les jours, à 14 heures, les équipes accueillies proposent des ateliers gratuits ouverts à tous. Le plein air, la proximité avec le public sont prolongés par les discussions et par les ateliers. C’est un esprit d’ensemble totalement opposé à la consommation ponctuelle. C’est essentiel en matière de culture.
[Pendant cette conversation des salves très sonores nous parviennent du champ de tir voisin. Ils n’ont rien à voir avec les trois coups du brigadier !À chacun sa scène]