Gabriel Monnet. Des nuits théâtrales à l’exposition

Gabriel Monnet. Des nuits théâtrales à l’exposition

31 juillet 2021 Non Par Paul Rassat

On ne rappellera jamais assez la contribution de Gabriel Monnet à la culture populaire au meilleur sens du terme. De cet élan particulièrement fort porté par Peuple et Culture sont nées toutes les voies artistiques et culturelles qui enrichissent aujourd’hui encore Annecy et le territoire. Retour au château les 9/10 septembre pour un hommage à Gaby Monnet. C’est  entre autre de cet ancien fort qu’était parti le mouvement culturel des années 50 avec les nuits théâtrales du château d’Annecy. Le peuple prenait possession pacifiquement d’un château pour s’y nourrir de culture ! Une exposition évoque le parcours de Gabriel Monnet. Jusque fin août 21 à l’Hôtel de Ville de Seynod puis au Haras d’Annecy du 10 septembre au 3 octobre. Les photos de cet article sont de Michel Odesser

Hamlet et Dom Juan

« Du 12 juillet au 20 août Annecy verra se dérouler dans le château des ducs de Nemours un stage national d’art dramatique du second degré… Le stage qui se tiendra cet été à Annecy entreprendra la réalisation du Dom Juan, de Molière, et Hamlet, de Shakespeare, sous la conduite de MM. Gilles Duché (arts plastiques), Raphaël Passaquet (musique), Roland Barthès (radio), et Gabriel Monnet (art dramatique). »

                                                         Le Monde  10 juin 1954

Michel Vinaver, Gaby Monnet, Hamlet

Michel Vinaver fait « un compte-rendu à chaud » du Hamlet dans la revue « Théâtre Populaire », dont Roland Barthes est l’un des piliers : « La représentation d’Hamlet, dans l’intégralité de son texte, a duré près de cinq heures, sans entracte. La nuit était fraîche et les prudents s’étaient munis de couvertures. Le public était composé de mille deux cents personnes, pour une petite part d’estivants, et pour une très grande part d’habitants d’Annecy et de ses environs : notables, employés, ouvriers, commerçants. Des collectivités s’étaient déplacées : tout un village, sous l’impulsion de son maire ; telle paroisse, amenée par son curé ; l’ensemble des employés de la Sécurité sociale. Il serait insuffisant de dire que l’attention de ce public a été soutenue : en vérité, le temps s’est arrêté dès les premiers appels des officiers montant la garde sur les remparts d’Elseneur, et n’a recommencé à courir qu’après le triomphe funèbre de Fortinbras. Le public a été saisi, immédiatement et pendant la durée entière du spectacle. Il participait, pour la première fois sans doute, à une action qui, à la fois, le concernait profondément et l’emportait hors de lui. »

Ubu roi, le théâtre amateur et populaire

« À l’occasion d’une représentation d’Ubu roi [ été 1955] par les participants du « stage d’éducation populaire » de Gabriel Monnet, Barthes affirme ainsi « la nécessité d’ouvrir un front de travail, non plus seulement de spectacle, mais dans des groupes populaires, parmi des amateurs authentiques. Cette montée du peuple sur les planches et le travail qui s’y joue importent bien davantage aux yeux du critique qu’une pédagogie politique de la représentation qui, maintenant la séparation instituée des professionnels et des spectateurs et laissant les classes populaires en dehors du théâtre lui-même, manquerait l’essentiel : « L’important, pour sortir le théâtre français de l’impasse bourgeoise, ce n’est pas que quelques-uns de ses professionnels viennent à la politique, c’est que les véritables éléments politiques du pays viennent, eux, au théâtre. »

In Adrien Chassain  Roland Barthes  Les pratiques et les valeurs de l’amateur