Galeriste, le métier idéal pour Talpa

Galeriste, le métier idéal pour Talpa

5 octobre 2025 0 Par Paul Rassat

Rappelons que Talpa c’est la taupe en latin. D’où l’intérêt de discuter avec le galeriste Éric Dereumaux représentant RX & SLAG qui accompagne Christian Lapie.

Pour quelle raison accompagnez-vous le travail de Christian Lapie ?

Je le suis depuis 6 / 7 ans. Sa dimension spirituelle me touche profondément ; une sorte d’élévation. J’aime aussi qu’on puisse rentrer en fusion avec l’œuvre. Différentes émotions en ressortent et certaines nous permettent de nous identifier à l’œuvre. La dimension de la protection me parle, ainsi que beaucoup d’humanité.

Il se passe quelque chose quand je vois l’une de ses sculptures : j’ai envie de me tenir encore plus droit ! On se tient debout, plus fort ! Je vous dis ceci en même temps que je l’éprouve en regardant la pièce qui se tient en face de moi. J’ai envie d’être aussi digne que cette sculpture. La tête haute…

Des gens du monde entier s’identifient à son travail, en Asie, en Afrique…Personne n’ y est insensible. Je l’ai montré il y a dix jours au Grand Palais avec un ensemble d’artistes coréens avec lesquels ça marchait parfaitement. On est sur la fusion de l’être et de la nature qui peut toucher tout type de société.

Le galeriste que vous êtes peut passer d’un travail à un autre, radicalement différent ?

C’est ce que j’adore. Je travaille sur différentes générations, différents médiums, différents esprits en essayant de trouver une construction avec d’autres artistes de la galerie pour installer des dialogues mais aussi des ruptures-qui font partie du dialogue. Il est particulièrement intéressant de mettre en dialogue deux artistes que l’on pense diamétralement opposés et de créer un lien , une sorte de fil invisible qui devient pertinent et amène une ouverture d’esprit.

Je suis galeriste depuis 23 ans ; j’ai mis dix ans à savoir pourquoi j’exposais, et quels artistes. Une digestion se fait, qui nécessite un certain temps. La dimension d’identité me plaît énormément. Christian Lapie est un artiste français qui part à la rencontre de l’Amazonie. J’aime savoir quelle langue parle un artiste, connaître ses origines et les retrouver dans son œuvre. C’est le cas avec Christian quant à l’esprit de son travail et la source de son inspiration.

Votre démarche est très égoïste ! Vous enrichissez votre réflexion et votre sensibilité grâce aux artistes que vous accompagnez !

Bien sûr ! Le choix d’un artiste répond au plaisir égoïste de posséder une œuvre, et après, de partager. La possession se situe dans la tête. C’est l’envie de partir avec une œuvre ; mais ce qui est jouissif*, c’est le partage, le dialogue, le fait d’emmener quelqu’un dans un univers où il se passe de belles choses, comme ici.

*Jouir, jouissance, jouissif

Tirés d’un article de Marc-François Lacan ( Lumière & Vie, n° 198) ces extraits ( à lire sans connotation religieuse) . « Ce qu’il faut est unique. Ce qu’il faut, c’est jouir… Pour y parvenir, il faut que chacun joue un rôle…Jouer ou ne pas jouer. Voilà la première question…Il ne s’agit pas de théâtre. Il ne s’agit pas d’un masque qui indique la place que nous occupons dans la société et la fonction que nous y remplissons…La question que je pose sur le verbe jouir apparaît donc comme une question sur le sens de la vie, le mot « sens » ayant ici toute sa force. Il ne s’agit pas du sens à donner à la vie, de l’orientation à choisir dans notre vie…Nous sommes à un carrefour où se décide ce qui constitue notre quête… »

Impossible de citer tout l’article. Notons que le titre d’un paragraphe est « Le mystère de la présence » On y lit : » La production du signe, la transformation de la chose par la personne qui lui donne sens, est un acte qui fonde une relation entre une réalité de ce monde et le réel, ce réel qui n’est pas un autre monde, mais qui est autre que le monde…Une présence singulière : telle est la présence de l’autre dont je puis jouir… »