La chaise bancale
18 juin 2025On apprend par la presse l’existence du test de la chaise bancale. Lors d’un entretien d’embauche, le candidat (ou la candidate) est invité à s’asseoir sur une chaise bancale. Celui qui subit sans rien dire sera considéré comme un éventuel employé docile. Si vous faites remarquer que la chaise n’est pas stable, sans aller plus loin, vous faites preuve d’esprit critique, mais sans plus. Demander une autre chaise montre que vous avez de la personnalité, que vous ne vous laissez pas faire.
Le principe de Peter
Reste à savoir ce que les patrons souhaitent. Les gens soumis ne font pas preuve d’initiative. L’entreprise tournera sans évoluer. L’esprit critique ? Canalisé, il peut être bon pour l’entreprise, et le mérite en reviendra aux dirigeants . Si vous avez de l’esprit critique et ne vous laissez pas faire, vous pourriez être considéré comme un danger pour les dirigeants en place. Voir à ce sujet le Principe de Peter.
La chaise et le président
Il n’est pas sans fondement que l’on ait choisi la chaise comme test. Chaise vient de chaire qui vient du latin cathedra. Si Dieu bâtit son Église sur une Pierre, pourquoi l’entreprise ne serait-elle pas bâtie sur une chaise ? N’oublions pas que le président préside. Ce verbe vient du latin praesidere «être assis devant, en avant; fig. veiller sur, protéger; présider à, avoir la préséance…protéger; commander, diriger»; composé de prae «devant, en avant» (pré-) et de sedere «être assis, siéger» (seoir).
La chaise, le siège et le statut
Le président, c’est celui qui est assis quand les autres sont debout, comme Trump et comme les parrains de la mafia. C’est celui qui, par préséance, passe le premier. Mais c’est aussi celui qui précède pour protéger. Or nous avons pas mal de dirigeants bénéficiant d’un statut ou d’un siège privilégié qui se déclarent en cas de problème « responsables mais pas coupables. »
Bien assis profite toujours
Il semblerait que ce test de la chaise bancale soit pratiqué à très grande échelle. À celle de tout le pays. D’un côté les dirigeants bien assis desquels l’objectif principal est de rajouter un coussin sous leur postérieur à chaque élection. Rappelez-vous le nouveau fauteuil de Gérard Larcher à la présidence du Sénat : 34 000 euros. De l’autre côté, ceux qui aimeraient bien être assis confortablement eux aussi. Et enfin une masse de citoyens et de citoyennes souffrant de lumbagos sociaux, de hernies économiques, de crampes politiques. Le tour de passe-passe consiste, pour nos dirigeants, à nous dire, chaque soir de scrutin, à chaque meeting, à chaque passage dans les médias, comment nous sommes assis alors que nous ne partageons pas les mêmes sièges.
Se souvenir que le mot travail vient du latin tripalium, ce tabouret sur lequel on asseyait celui qu’on voulait supplicier.
Dis-moi comment tu es assis, je te dirai qui tu es.