La psy s’invite sur Arte « En Thérapie »!
21 février 2021Thérapie en court avec rebonds, façon « Diablogues » de Dubillard à plusieurs bandes
À rater la première fournée, la taupe ne pense avoir rien perdu. Elle la verra plus tard. Elle a eu l’impression de rentrer dans un processus déjà en cours. Comme la vie. La taupe a toujours rêvé d’un roman sans début ni fin. Elle en a éprouvé l’impression avec cette entrée « En thérapie ». Marc Toledano et Éric Nakache ont de la suite dans les idées. Passer de « Intouchables » avec la réplique culte « Pas de bras, pas de chocolat » pour enchaîner avec le divan de la psychnalyse via Le sens de la fête », quelle continuité ! Du sens de la fête à celui de la vie.
Divan
Le dictionnaire nous apprend en effet que le divan est un siège sans bras. Avant d’être un meuble, le divan a été jour d’audience, salle du conseil, gouvernement de la Sublime Porte, registre, recueil de poésie, douane…Il ne faut pas confondre divan et canapé, qui vient de conopé signifiant moustiquaire. Et c’est ainsi que l’Homme serait descendu de la canopée voisine pour s’affaler sur le canapé d’où il suit les exploits du PSG. Par la voie gastronomique, le canapé nous conduit au buffet, mais c’est une autre histoire. Le divan est siège du pouvoir, celui du psychanalyste, celui du psychanalysé ? S’y croisent paroles et silences, dit et non dit. Les mots désignent, précisent ou amalgament. Ils cachent. Ils expriment le désir. Le sien, celui des autres, comment ils s’attirent ou se repoussent, s’entrecroisent, créent une histoire en perpétuelle évolution à partir d’élans ou de blocages.
Évasions psy https://www.instagram.com/okyo._/ © Christophe Rassat
Huis clos
Chaque séance est un huis clos paradoxalement ouvert. Ouvert au monde extérieur, au passé, aux interactions. Un échange permanent que le psy régule au risque de s’y brûler. La succession des séances à l’écran fait ressortir une évidence, une continuité, celle qu’incarne le psy lui-même. On se demande parfois où vont les paroles dites en séance. Elles voyagent, dans un esprit, d’un esprit à l’autre, d’un psy à l’autre et forment histoire. Elles sont vivement soutenues par la distribution qui forme courroie avec Frédéric Pierrot en moteur sobre mais efficace.
J’ai vu mon psy (autotaugraphique)
J’ai vu mon psy ce matin. Il va mieux.
Avant de pousser la porte de l’immeuble pour gagner son cabinet, j’ai remarqué une annonce prometteuse en vitrine du magasin voisin « Le bonheur existe. Vous le trouverez ici. »
J’ai hésité un moment entre la porte du magasin et celle de l’immeuble qui mène au cabinet de mon psy qui va mieux depuis que je lui rends visite. Je ne suis pas réellement sûr qu’il aille mieux, mais ça me réconforte de le croire. J’ai hésité. « Le bonheur existe. Vous le trouverez ici ». C’est tentant, non ?
J’avais le choix entre trouver le bonheur ou soigner mon malheur. Mais il était encore tôt, le magasin était fermé. C’est certainement pour cette raison que mon psy me donne toujours rendez-vous très tôt. J’ai donc décidé de continuer à soigner mon malheur, mais j’ai parlé à mon psy de l’annonce faite non pas à Marie, mais à moi et à tous les passants « Le bonheur existe. Vous le trouverez en bas de votre immeuble, juste à côté. »
Il a rigolé.
— Vous avez vu ça dans la vitrine du magasin de sous vêtements ?
— Ah ! Des sous vêtements ? Je n’avais pas remarqué !
La vieille rengaine « Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite… » est donc passée de mode, remplacée par « Le bonheur est dans le sous vêtement, cours-y vite, cours-y vite… »
Et pourquoi pas ?
L’envers c’est les autres, selon Jean-Paul
Lors d’une émission de télévision on demandait un soir (Ou était-ce une nuit ?) à Boris Cyrulnik, sommité de l’éthologie, de la psychiatrie et de la psychanalyse de définir la folie.
Alors qu’on fume les sommités de certaines plantes, on a tendance à encenser les sommités humaines dont le parcours nous épate. Ainsi, il y a déjà pas mal d’années, Boris faisait de la publicité, il était « boulettologue chez Fido et a réussi à force de travail à devenir une sommité dans le monde des psys.
Que croyez-vous que Boris répondit ? Que sur le plateau de télévision qui rassemblait quelques écrivains, un animateur à l’anima débordante et des techniciens, il était lui, Boris Cyrulnik, le seul sain d’esprit et que tous les autres étaient fous. Il paraît qu’Einstein se posait la question, qui était fou, lui ou les autres ?
Qu’en penser ?
Quand je vais voir mon psy pour qu’il m’aide à me guérir de ma folie, je vais consulter un fou afin qu’il me guérisse alors que je suis sain d’esprit et que c’est donc moi qui le mène sur la voie de la guérison.
C’est fou, non ?
Mais à y réfléchir, heureusement qu’il y a les autres et qu’ils sont fous parce que, sinon, comment saurais-je que je suis normal ?