La vie Rêvée des philosophes

La vie Rêvée des philosophes

26 avril 2024 0 Par Paul Rassat

La vie rêvée des philosophes dans une mise en scène de l’auteur, sous le regard bienveillant d’Emmanuel Kant

Avec Emmanuel Lortet et Yves Cusset

Aux Têtes de l’Art, Annecy. Vendredi 10, samedi 11 mai à 20h30, dimanche 12 mai à 17h. Particulièrement recommandé par Talpa.

Pitch pour les uns, pitchoun pour les Marseillais

« Savez-vous qu’Arthur Schopenhauer a souri pour la première fois en 1818, et que Démocrite est mort de rire ? Que Spinoza s’est fait remarquer en demandant, enfant, au rabbin : « Si Dieu existe, à quoi ça sert de croire en Lui » ? Ou encore que Lao-Tseu a préféré naître vieux pour éviter d’avoir à mourir jeune ?

Yves Cusset, spécialiste de l’humour philosophique, nous entraîne dans une folle galerie de portraits, d’Épicure à Arendt, où nos plus grands philosophes deviennent des personnages burlesques et des clowns solaires. Il nous ramène par le rire aux sources vivantes de leur pensée !

Ce premier volet de l’adaptation du livre pour le théâtre, tout juste sortie de l’œuf, vous fera découvrir autant de philosophes qu’un chat a de vies, soit neuf, semble-t-il… »

Heidegger…et Lacan.

Philosophie, y réintroduire de l’enfance

Conversation avec Yves Cusset

— La vie rêvée des philosophes est un ouvrage que j’ai écrit il y a quelques années. Je tente de présenter, à travers une série de biographies succinctes, la pensée des plus grands philosophes. Il s’agit de plonger dans la vie de ces philosophes comme un enfant imaginerait la vie de ses héros. La pièce suit le fil d’une imagination enfantine libre et débridée. Il ne s’agit pas d’être réaliste, le titre même le montre, ce sont des biographies extravagantes.

C’est pour tous publics ?

On est dans le clownesque. Un spectateur m’a parlé des Simon and Garfunkel de la philosophie. Il y a de ça, en plus drôle. Le spectacle traite de neuf philosophes sur les trente-cinq que compte le livre. Le public rit et va ensuite s’informer sur ceux qu’il ne connaît pas pour découvrir pourquoi il a ri. Il peut être désarçonné parce que, je l’ai souligné, nous sommes dans l’extravagance : le lien entre la réalité et le spectacle est tès ouvert. Le clownesque et l’humour sont la dimension première.

Les mots « sautillant » et «  foldingue » donnent ici le ton.

Nous sommes cependant au cœur de la philosophie… La seule femme est Anna Arendt que nous présentons-c’est navrant-dans une scène sado masochiste.

Rappels

J’avais découvert Yves Cusset il y a déjà quelques années à Cluny. Le public l’avait suivi en trois lieux différents pour partager un rire franc et philosophique lors de la présentation de trois spectacles, dont La vie rêvée des philosophes.

Rire, Tractatus philo-comicus

Extrait d’un échange avec Yves Cusset pour la parution de son livre sur le rire.

Vous êtes à la fois philosophe, auteur, acteur…Vous dites que le rire secoue les frontières établies. C’est aussi ce que vous faites dans votre livre, vous secouez les distances en mêlant Hegel, Freud, Montaigne, Pierre Dac, Charles Trénet, Pierre Desproges. Vous tutoyez presque Spinoza…

Je trouve qu’il y a dans la philosophie une sorte de puérophobie, une peur de l’enfance. Le point de vue philosophique se situe toujours dans un idéal de maturité, on est sorti de la caverne et on est au bout d’une sorte d’achèvement intellectuel, et même si on ne possède pas la sagesse, puisque c’est le principe de la philosophie, on est toujours arrivé au bout d’un trajet de développement intellectuel, c’est toujours à partir de là qu’on philosophe. Le fait qu’on enseigne la philosophie en terminale n’est pas un hasard. J’ai envie de remettre de l’enfance dans tout ça, une forme de naïveté au premier degré. Dans mes spectacles je fonctionne au deuxième degré et tout d’un coup je retombe dans la plaisanterie au premier degré, enfantine, qui consiste à s’amuser de tout ce qui est établi parce qu’on en a besoin, parce qu’il faut se décharger du poids de cette contrainte sociale qui pèse sur nous et nous oblige à une certaine solennité. J’ai vraiment besoin de réintroduire de l’enfance dans la philosophie, ainsi que du ludique, du jeu, de la plaisanterie gratuite, parfois du potache.