Le centre du monde
25 février 2025Le centre du monde vu par Talpa, en une série d’articles plus ou moins suivis. Viendra ensuite une autre série sur le thème du paradoxe.
Le monde a-t-il un centre?
Le monde a t-il un centre ? Lui en faut-il un ? Le dictionnaire dit : « centre : Empr. au lat. class. centrum « pointe sèche du compas » d’où sens gén. « Centre d’un cercle (ou d’une sphère) », en partic. « centre de la terre » (TLFi).
Le centre présente un avantage certain, non par lui-même, mais parce qu’il crée l’excentré, voire l’excentricité. Les bords, la marge, la frontière, la périphérie, les « quartiers » impliquent un centre. Le problème est que nous avons remplacé le centre du monde par le centre commercial. Nous y reviendrons.
L’origine
Un tableau célèbre l’origine du monde, qui s’appelle justement L’origine du monde. L’origine est la première apparition, première manifestation d’un phénomène ; instant où celle-ci se (s’est) produit(e)… Emprunté. au lat. originem, acc. De origo « provenance, naissance, cause, principe », dér. de oriri « se lever, naître ». Le tableau de Courbet, outre sa qualité picturale et le réalisme du geste, parvient à fondre le temps et l’espace : le sexe de la femme comme origine temporelle et spatiale de la vie. Ceci relève de la même quête que le paradis perdu qui situe quelque part, on ne sait pas où, la naissance de la vie et de facto le bonheur perdu. Celui-ci ne connaissait ni commencement ni fin, ni centre.
Le big bang
Remonter au big bang, et si possible au-delà, c’est ce que nous propose la science pour tenter de remplacer la mythologie religieuse que le développement de la science a plus ou moins effacée. Si « Dieu est mort », le paradis est définitivement perdu et nous aussi. Comment retrouver quelque chose qui n’aurait même pas existé ? C’est le sens exact de la formule « Il était une fois ». Cette fois-ci est le centre et l’origine du monde, l’éternel recommencement. Le GPS en est une très lointaine imitation qui nous ramène aux itinéraires enregistrés.
Afin de se rassurer, le commun des mortels use parfois de l’expression « face à… ». On se trouve face à un problème, face à un monde qui change, face à une crise ou au réchauffement climatique. Cette réduction binaire du monde fait de nous le centre de celui-ci sans que nous en ayons conscience puisque la formulation semble nous exclure de celui-ci pour nous transformer en observateur ou en voyeur. Mais cette relation suppose aussi une orientation qui peut varier. C’est ce que signifie cette anecdote rapportée par un comique danois, Victor Borge. Celui-ci se trouve assis en face d’Albert Einstein, dans un train qui roule à travers les USA. Il reconnaît son voisin, tente de se rappeler quelques éléments de ses travaux afin d’engager la conversation. En vain. Au bout d’une longue heure, Victor Borge s’adresse enfin à Einstein : « Je vous demande pardon, monsieur : savez-vous si Boston s’arrête à ce train ? » Résumant ainsi à la perfection la théorie de la relativité.
Bravo Talpa