Le philosophe et l’IA

Le philosophe et l’IA

20 octobre 2024 Non Par Paul Rassat

Le philosophe était interrogé sur les dangers potentiels de l’IA et ce qui la différencie de l’intelligence humaine. — L’IA ne connaît pas l’hésitation, ni le doute. Elle répond par oui ou par non. Elle n’a donc ni valeurs, ni conscience, dit le philosophe.

Le doute

Voilà de quoi nous rassurer. C’est l’hésitation et le doute qui caractériseraient l’Homme. L’empathie ? Les animaux en font preuve, comme ils peuvent célébrer leurs morts. Il leur arrive même de rire, si l’on n’interprète pas leurs attitudes en fonction des nôtres. Alors que nous reste-il ? Le doute. «  Dubito ergo sum ». Je doute donc je suis. Mais puisque parfois le doute me pèse, je suis le chef. J’ai besoin d’un chef qui prenne les décisions à ma place et que je suis. M’allégeant de ce poids, il me charge en retour des conséquences des décisions qu’il a prises afin de s’alléger lui-même du poids de ses responsabilités. En fin de compte, ce processus est ce que l’on appelle « un jeu à somme nulle. » Tout circule, rien ne se crée.

Les chefs

L’optimisme du philosophe  laisse dubitatif. Nous humains,  nous distinguons des autres espèces par notre faculté de douter. Or nous avons besoin de chefs qui prennent pour nous des décisions qui nous allègent du poids du doute. En retour, ils nous renvoient le poids des décisions qu’ils prennent. Ils crouleraient sinon sous les cas de conscience du genre : la violence d’État est-elle bien une violence puisqu’elle est exercée au service de l’État, donc légitime ?

La démocratie par l’IA

Ne connaissant pas le doute, l’IA pourrait favorablement  résoudre nos problèmes. Remplaçons nos dirigeants, nos chefs par l’intelligence artificielle. Celle-ci prendra les décisions à notre place sans nous charger du poids de leurs conséquences. Il n’y aura donc plus alors de « Gaulois réfractaires », de Français qui ne comprennent pas le sens de leur intérêt, de la réforme et du progrès. La tête tranchée de Louis XVI fut le début particulièrement maladroit d’une recherche d’intelligence collective qui remplaçât un cerveau unique ? L’IA en sera peut-être le couronnement. Une forme de démocratie née de toutes les données de la pensée. Allez savoir !

Si besoin

Si besoin était de débrancher l’IA devenue envahissante et omnipotente,  suffira-t-il de couper quelques contacts électriques ?