Le réel, la réalité, le monde
20 novembre 2025Le réel
Il existe indépendamment de nous, sans que nous le percevions ou en ayons conscience. Il nous résiste à l’occasion, on peut se heurter à lui. (Photo : renifleur de derrière, église saint-Pierre, Saumur)
La réalité
Elle est ce que nous percevons du réel. Elle en est une interprétation personnelle ou sociale qui passe par nos sens, notre compréhension, la culture, le langage. Notre langage.
Le monde Il est le sens que nous créons à partir de la réalité mise en forme. D’une certaine façon, le monde raconte la réalité.
Quelle réalité ?
Nous dire qu’il faut regarder la réalité en face signifie que nous devons regarder avec lucidité une interprétation que nous créons nous-mêmes. Mentirions-nous par rapport à cette version de la réalité ? Nous leurrerions-nous ? Serions-nous leurrés, manipulés? Ne faudrait-il pas accepter qu’il y ait plusieurs réalités ? D’autant plus que les récits ne cessent d’envahir notre espace personnel. Chaque parti politique, chaque dirigeant, chaque entreprise cherchant à communiquer nous livre son monde.
Ancrage
En linguistique, les déictiques sont ces mots qui servent à désigner, à situer : ici, là, hier…Ils disent la place du locuteur dans son discours. Si celui-ci dit « Hier », c’est qu’il se situe « aujourd’hui ». Quand un « expert » déclare : « Les Français doivent travailler davantage. » où se situe cet expert ? S’inclut-il dans les Français qui doivent travailler davantage ? Quand un élu nous somme : « Il faut regarder la réalité en face. » partage-t-il cette injonction avec tous ses auditeurs ? Partage-t-il avec eux les conséquences de ce regard qui se voudrait lucide ?
Renifler la réalité
Il est toujours primordial de savoir d’où l’on parle, d’où nous parlent les gens qui parlent pour nous. Cette exigence en entraîne une autre. Regarder la réalité en face ( notre perception du réel) suggère que nous ne voyons qu’un pan de la réalité, une façade. Tout comme nous ne voyons de nos élus et dirigeants que la face qu’ils veulent bien nous montrer. Nous avons vu précédemment l’importance des marges, du contrepoint. Le livre Images dans les marges reproduit, page 133, un « renifleur de derrière » de l’église Saint-Pierre de Saumur. Suggérons que toute tentative pour regarder la réalité en face soit accompagnée par un renifleur de derrière afin de créer une vision équilibrée de la réalité.

