Les Nouvelles Goleries

Les Nouvelles Goleries

5 juin 2024 0 Par Paul Rassat

Les Nouvelles Galeries d’Annecy recevaient Les Nouvelles Goleries. Un spectacle de stand up féminin en trois temps mais pas comme la valse. Tania Dutel, Camille Fievez et Morgane Cadignan vont davantage dans le rythme effréné que dans la grâce bourgeoisement surannée de la valse. Elles ne se retiennent absolument pas, ça jaillit. Il est d’ailleurs question de tous les liquides et fluides humains possibles. Les règles reviennent de manière récurrente, abondantes, douloureuses, liées à la contraception choisie ou subie. Les pertes blanches ne manquent pas à l’appel. Perte sèche en matière d’érotisme et de sexualité. Accouchement, maternité, allaitement complètent le panorama de cette condition qui réduit les femmes à leur corporalité.

Les hommes ? Ils sont plutôt des partenaires, on évoque la taille de leur sexe, leur capacité à « éplucher des brocolis » On frise parfois l’absurde et c’est là que ça devient intéressant.

La nécessaire autodérision

L’autodérision, cette mise en scène de la corporalité féminine la plus secrète et habituellement cachée, permet de se moquer des hommes, de la société. On rit avec et pas de. Mais la limite n’est pas toujours bien nette. Il y a comme une revanche à prendre. Le principe de l’autodérision est essentiel.  Celle-ci permet l’inversion des rôles entre femmes et hommes et de dire : «  C’est pour ça que j’en parle, parce qu’on n’a pas le droit d’en parler. »

Un chouia de philosophie bienvenue

La scène devient le lieu où dire ce qui est tu dans la société, dans les relations sociales, amoureuses. Du pipi / caca/masturbation / taille de la bite, on passe à des questions philosophiques. Peut-on tout dire ? Le mensonge est-il un filtre indispensable à la société ? Ce qui nous mène à l’inflation langagière : à peine embauchée par Starbucks, on devient «  Maître barista ». C’est vrai puisqu’on l’a dans le dos, au figuré et au propre, écrit sur le polo de la marque. Celle-ci emploie des « partenaires ». Le développement personnel, lui aussi, en prend, à juste titre, pour son grade. Deux expressions retenues en particulier : «  Roter après un bon repas, c’est comme s’envoyer une carte postale à soi-même. » « Je ne suis pas assez construite pour me permettre de me déconstruire.

Des Goleries amusantes, comme des préliminaires à d’autres rencontres. Rots bienvenus.