L’œil nu
4 octobre 2024L’œil nu, de Maud Blandel est de ces œuvres qui vous envahissent et vous libèrent à la fois. D’où la « lecture » très libre de cette représentation. Quand un spectacle, une relation artistique est réussie, sa densité nécessite toute votre attention et tous vos sens ; votre esprit s’en trouve allégé. Paradoxal ? Quand Nathan Paulin s’attache à garder l’équilibre son esprit est relié à l’univers ! C’est en allant le plus profondément possible dans un exercice qui associe le corps et l’esprit que celui-ci s’envole.
Le travail de Maud Blandel explore la répétition. Impression par moments de croiser des Gnawas ou bien des Derviches Tourneurs qui viendraient visiter les mondes de Pagnol, de Tex Avery et d’Hubert Reeves.
« Je n’ai rien vu venir ».
On ne voit que ce que l’on s’attend à voir. Que connaît-on des autres sinon ce que l’on peut voir parce que c’est ce que l’on attend ? Nous vivons dans une sorte d’autohypnose de patterns pratiques qui nous aveuglent. « Je n’ai rien vu ». Rien vu venir du suicide de mon père. « Tu tires ou tu pointes ? »— « Je tire. Deux balles dans mon cœur. »
Alors on recommence à l’infini la partie pour tenter de la voir enfin, de la comprendre. La musique vibre sur le plateau. Il y a un truc ailleurs pendant que tournent les danseurs. Le matériel ne rend pas compte. Ne suffit pas. Les pas et traces éphémères cherchent un impossible équilibre.
Une partie de pétanque ? Nous sommes des dieux qui jouons avec les astres. Jusqu’au désastre parfois.
Le chaos organisé
Échapper à la répétition. Ne pas trop intellectualiser. La vie est un chaos organisé. La vie est un dessin animé, nous sommes des toons.
Feu !
Revivre mille fois le moment sans durée qui mit fin au temps.
Sur le plateau le magnéto à l’ancienne, seul élément de décor, d’où semblait venir la musique s’est arrêté. La bande son continue cependant.
Fin de partie ? Non, la vie continue. Tu tires ou tu pointes ? Je tire au cœur de la vie ! Du désastre aux astres.
Photo © Margaux Vendassi Camille D Tonnerre
À voir jusqu’au 5 octobre 2024 à Bonlieu Scène Nationale.