Luce à Lys
23 août 2025Rencontre avec Luce Naval dans le village de Lys. Sa maison ? De la matière. La pierre, le bois, du vrai. Le petit jardin est foisonnant. Le bougainvillée en pot tiendra-t-il encore longtemps ? Chienne et chatte se prélassent, passent simplement écouter si la conversation se déroule bien.

De la matière
La matière, on la retrouve dans les gravures de Luce. La lumière y joue avec la couleur dans un jeu de mouvement et de maîtrise. De l’alliance des deux naît la sensualité. Le mouvement habite toute la vie de Luce au point qu’on ne sait plus très bien dans quel ordre chronologique elle est passée toute jeune par l’Espagne, un an, le temps d’apprendre la langue. Par le Danemark, quatre ans pour des études d’art. Son goût pour la sculpture, contraint par le manque de place dans sa petite chambre, est devenu gravure. Beaux Arts à Paris et mesquineries diverses entre étudiants après la rigueur des pays du Nord. Découverte de l’Atelier 17 dirigé par Stanley William Hayter.

Glisser
Luce semble avoir toujours choisi autant qu’elle a été choisie ou acceptée. Dans ce mouvement permanent de la vie, elle a même choisi un atelier parce que les chevalets y étaient à roulettes. Au lieu de se déplacer péniblement et lourdement autour des modèles, on glissait ! Comme elle a glissé d’un boulot à un autre pour payer ses études. Le bonheur de quitter la famille, de partir à l’aventure, il fallait le gagner. La banque, le journalisme, la traduction, les boulots dans les salons, le monde du vin l’ont vue passer, pour garder le cap artistique. New-York aussi l’a accueillie.



Sérendipité
Luce a su s’adapter au monde autant qu’elle s’est adaptée à lui. Une forme de sérendipité permanente que traduit bien cette anecdote. Une amie lui demande de l’accompagner pour aller acheter des chaussures. Luce laisse sa plaque à graver dans l’acide un peu plus longtemps que prévu. La chaleur accentue aussi l’effet de l’acide. Résultat ? Les creux sont plus profonds qu’attendu. L’artiste en fait l’une des caractéristiques de son travail.


Le mouvement ? On le retrouve dans le caractère bien trempé de l’artiste, son goût pour la conversation, l’échange de points de vue, la confrontation amicale. La structure est solide, comme dans ses œuvres. La lumière vive. L’ensemble fort et doux à la fois. Le mordant de l’acide est domestiqué.