Marche contre l’antisémitisme

Marche contre l’antisémitisme

12 novembre 2023 Non Par Paul Rassat

Talpa a déjà  expliqué que le mot antisémitisme est une inappropriation linguistique. Qu’en est-il alors d’une « marche contre l’antisémitisme » ? Le deuxième mot de la formule posant problème, reste le premier, la marche. Elle peut constituer le véhicule de la pensée, comme chez les péripatéticiens. Parfois la marche traduit une révolte, une résistance. On marche contre, pour protester.

Contre ou pour

Il a toujours été plus facile de mobiliser contre que pour. Hitler a mobilisé et monté l’Allemagne contre les Juifs alors que ceux-ci représentaient environ deux pour cent de la population du pays et qu’ils étaient très bien intégrés. Nombre de Juifs s’étaient battus pour leur pays en 14/18. Nous retrouvons, une fois de plus la notion de bouc émissaire qui a fondé religions et pays au fil de l’Histoire. Pourquoi ne pas chercher à dépasser cette violence fondatrice et organiser une marche pour ? Une marche pour la tolérance ? Pour ce fameux vivre ensemble dont on a tant parlé ? Pour le respect ? Pour l’ouverture d’esprit ?  Notre époque se voudrait inclusive et fonctionne toujours sur de vieux schémas de la pensée qui structurent nos sociétés depuis trop longtemps.

Que dit le dictionnaire ?

 « Sémite : 1884 subst., abusivement « juif » ». La confusion des mots entraîne la confusion de leur sens et la confusion de nos actions car celles-ci découlent de notre relation au monde qui passe, justement, par les mots.

Pour

Une marche pour permettrait de réunir beaucoup plus de gens, d’idées, de parcours, de philosophies. Et puis, elle proposerait un objectif positif. Mais ce qui nous est proposé comme positif est confisqué par le profit, la productivité et laisse peu de place aux aspirations humanistes. Notre relation au monde s’en trouve appauvrie, asphyxiée. Elle survit en cette stichomythie posturale qui s’autoalimente en boucle car aucune hauteur de vue ne vient la sauver.

On marche ?

Cette marche contre l’antisémitisme ne serait-elle pas une façon de nous faire marcher plutôt que de trouver des solutions ? Rappelons que la marche est la province frontalière particulièrement exposée en temps de guerre. Elle est accessoirement une marche d’escalier permettant de monter ou de descendre. C’est selon.