Maud Boisson, l’Arcadium comme à la maison !
7 mars 2022Rencontre avec Maud Boisson, qui dirige l’Arcadium d’Annecy. Nous passons de son bureau à la salle noire, sobre, vide mais vivante et prête à s’animer.
Les affaires reprennent enfin !
Vous êtes arrivée assez récemment à la tête de l’Arcadium. À cause de la situation sanitaire qui a tout bouleversé, les véritables affaires commencent maintenant.
Elles vont reprendre, enfin ! Nous avons eu des reports, voire des annulations depuis le début de l’année. Les choses se calment, notre planning actuel devrait être respecté.
Vous avez eu le temps de vous installer, de prendre vos marques.
Paradoxalement la situation m’a permis d’apprivoiser le lieu, le bâtiment et m’a donné le luxe de bien connaître mon équipe. Nous avons démarré en septembre, jusque fin décembre. C’est court pour vivre le bâtiment en exploitation avec le public mais suffisant pour savoir que ça fonctionne bien. Je succède à Michel Dominguez qui était à l’origine de l’ouverture de la salle. Il a été très disponible pour cette passation. J’hérite d’un établissement très sain, en parfait état, qui fonctionne et qui a une notoriété nationale. L’équipe technique sait tout faire.
Une passation en douceur
Ça place la barre très haut pour vous.
Exactement ! L’équipe est celle de départ. Ils connaissent le lieu comme leur poche. C’est leur deuxième maison. Nous exerçons des métiers de passion. Ils prennent beaucoup de temps, demandent beaucoup d’investissement. Nous ne sommes que six mais tout le monde est très engagé et très attentif à ce qui se passe dans la salle.
Puisque l’équipe est présente depuis longtemps, comment avez-vous trouvé votre place ? Ils n’ont pas fait la tête, quand même ? (rires).
Non, ce sont des Haut-Savoyards, donc… Je viens de passer vingt ans à Paris. J’ai été très bien accueillie, avec une réserve naturelle. Propre aux gens d’ici. C’était aussi une équipe qui perdait son directeur naturel très proche d’eux. Les choses se sont faites très naturellement. J‘aime les gens, j’aime mon métier, j’hérite d’une situation très saine.
Transition et perspectives
Le tissu culturel local est assez riche. Comment vous y insérez-vous ?
Dans la continuité de ce qu’a fait Michel. Je vais aussi développer la communication, les réseaux sociaux. Lancer les chantiers que la crise du Covid a empêchés ces deux dernières années.
Il y a eu aussi l’incendie de l’Hôtel de Ville, la cyber attaque.
C’est bien, vous avez quand même un peu de travail ! Nous avons déjà des contacts avec notre public, bien sûr. Mais ce sont souvent des questions d’ordre pratique. Je veux enrichir nos échanges.
Le public d’abord
Diriger, c’est être au milieu des gens ?
C’est ce que j’aime. Je fais ce métier pour être au contact du public. Plus que des artistes. Quand on ouvre les portes de l’Arcadium, je suis avec les agents. J’aime voir le public arriver, sentir l’ambiance familiale, jeune, discuter. « Vous êtes déjà venus ? Vous connaissez la salle ? »
Votre équipe est ici comme à la maison et les gens doivent se sentir chez eux.
Nous voulons accueillir les 1600 personnes qui viennent à l’Arcadium comme des copains qui passeraient à la maison. La crise du COVID nous montre que rien n’est acquis et que nous devons aller rechercher le public. C’est pourquoi je réponds à tous les mails. Je crée un lien de confiance. L’accueil commence à partir du moment où on achète son billet.
Entre public et producteurs
Vous envisagez de créer des échanges d’après spectacle ?
J’aimerais bien mais je dois d’abord connaître vraiment mon public pendant les mois qui viennent.
Pour lui proposer une ligne de spectacles adaptée ?
Je suis chef d’établissement. Ce n’est pas moi qui fais la programmation. Les producteurs me contactent et font des propositions.
Une grande salle à dimension humaine
Le résultat n’a pas l’air mauvais à voir les spectacles à venir !
Parce que la salle a une belle notoriété. Elle est facile à travailler et bénéficie de l’image d’Annecy. La programmation est riche, variée, grand public, adaptée techniquement à la salle. Je ne peux pas faire Orelsan chez moi, ou Stromae. J’aurais adoré mais la salle ne le permet pas. Je dois être consciente de tous nos atouts mais aussi de la limite de jauge. Julien Doré ou Calogero partent en tournée. Je ne vais pas les avoir dans leur première partie. En revanche une deuxième partie de tournée, type théâtre davantage que Arena ou Zénith, est envisageable. L’Arcadium se situe entre le Zénith et le théâtre. Je vais accueillir Bruel en version acoustique au mois d’avril. C’est un moment privilégié parce que la salle permet d’être proche de l’artiste.
Le sérieux dans la bonne humeur
Vous êtes enthousiaste. La salle et l’environnement vous séduisent. Vous n’avez plus aucune raison pour aller postuler ailleurs pendant un moment !
Ah non ! Je ne lâcherai pas mon équipe ! D’autant plus que je découvre une région qui me plaît. Et puis mon équipe et moi travaillons sérieusement en nous marrant et en appréciant de faire un métier particulier.