Mon vélo cargo et la démocratie
24 mars 2025L’est pas beau mon vélo cargo ? Cogito cargo sum !L’est pas beau mon cargo qui sillonne les rues de la ville et les rives du lac d’Annecy. Je pédale pour produire l’énergie que je consomme et ne pas paraître con, en somme. J’ai le matériel l’équipement, le coup de pédale sportif, écologiste, touristique. J’œuvre pour la planète. Je suis la mobilité douce qui fluidifie la circulation apaisée dans cet écrin magnifique transformé en terrain de jeux.
Alors que l’autre parle de rendre l’Amérique Great de nouveau, ici je restaure le jardin des Espérides sans une ride. Je pédale pour la bonne cause, à commencer par la mienne dans un égotiste circuit court, très court. Je m’épanouis, me rassénère, me véhicule, me propulse dans un nirvana de bienveillance envers les autres, la nature et moi-même.. Il m’arrive d’oublier les piétons, la signalisation…mais bast, c’est pour la bonne cause toujours.
Moi, je pédale…
Moi, je m’balance,
Je m’offre à tous les vents,
Sans réticences,
Moi, je m’balance…et je m’en balance
Sur mon cadre mobile, j’avance dans le cadre immuable d’un voyage incroyable.
Le vélo tient au chaud
Il va faire plus chaud ? Bientôt 40° à cause du réchauffement climatique ? Il sera difficile de pédaler ? Je vais transpirer ? Je ferai installer la clim sur mon vélo cargo ; et puis une carrosserie. Ça deviendra une voiture ? Que me chantez-vous là ? Vélo un jour, vélo toujours !
Moi, je m’balance,
Je m’offre à tous les vents,
Sans réticences,
Moi, je m’balance, et je pédale
Le vélo permet d’être dans le courant et d’en produire. Être ou ne pas être dans le courant ? C’est ce que se demandaient les surfers avides de vague sur le Thiou au point de vouloir en créer une, artificielle. C’est ce qu’on appelle être à la fois dans la vague et contre le courant.

Pédaler là où il faut
Le dernier projet annécien déborde cependant de ce cadre déjà exotique, le dépasse, le sublime. On envisage la création d’une écluse sur le Thiou afin de relier la ville haute et la ville basse. Il sera alors possible d’habiter sur le lac en péniche et de rêver d’un ailleurs en demeurant immobile. Chacun pourra pédaler selon sa religion, sa culture dans la semoule ou dans la choucroute, et un peu sur le lac, à pédalo. Dans un but écologique, la fête du lac sera revisitée (C’est réellement nécessaire). Le premier samedi du mois d’août les pédalos seront mis gratuitement à la disposition du public qui pourra pédaler de nuit et produire l’énergie nécessaire à l’éclairage de guirlandes colorées. Ainsi de graciles lucioles animeront non seulement la ville, mais tout le lac, dans une absence de pétarade propice au repos des poissons et des riverains.
Petite anecdote
Un ami aisé habite de quartier du lac. Il défend mordicus le nouvel aménagement de celui-ci. Approuve l’allongement des temps de feu rouge qui dissuade les automobilistes, le cloisonnement de la ville en pétales totalement séparés les uns des autres. Et cite sans la désavouer cette pratique de plus en plus courante : traverser le parking de Bonlieu pour aller plus directement d’un pétale à un autre sans payer. Amusant ?
Autres anecdotes
Le président du SILA, interpellé lors de l’inauguration des nouveaux travaux de la piste cyclable devenue voie verte, annonçait la création de WC au départ de Sevrier. Il y aurait actuellement un million cinq cent mille passage sur la piste ; il y en aura beaucoup plus avec la voie verte élargie et bien goudronnée pendant qu’on crée des espaces verts en ville. Mais de WC point. Vérification faite, le président du SILA se serait trompé. Tant d’usagers sans WC, ça se soulage où ça peut. Contre les haies en particulier. Est-ce très écologique ?
Il semble que le SILA aurait consulté les élus riverains. On me dit que les élus n’ont pas été consultés. La vérité doit bien se trouver quelque part au milieu. Peut-être faudrait-il revoir le mode de consultation. Comme il serait temps de réactiver le fonctionnement de notre démocratie. Nous déléguons notre pouvoir à nos élus, qui doivent parfois penser qu’ils nous représentent consciencieusement alors qu’ils traitent de dossiers de plus en plus abstraits. La carte n’est pas le territoire. Les chiffres ne sont pas les gens. Les dossiers ne sont pas la réalité.
« N’oubliez pas chers acteurs que le public ne vient pas vous voir jouer mais il vient pour jouer avec vous ! » disait Michel Bouquet. N’oubliez pas chers élus, que les citoyens ne veulent pas vous voir décider seuls, mais qu’ils veulent décider avec vous. C’est de cet oubli que meurt la démocratie.