Nicol Rodriguez, Danser la matière
21 août 2024Danser la matière Exposition Nicol Rodriguez 19 septembre – 19 décembre. Fondation Christian Réal. 15 chemin de l’Abbaye. Annecy. Vendredis, samedis, dimanches. 14 / 18 heures
Vernissage le jeudi 19 septembre 2024 à partir de 17h30
Pour cette exposition, Christian Réal a souhaité présenter le travail d’Arnaud Chapelin, Daniel Favre et Patrick Meo avec l’œuvre de Nicol Rodriguez.
La création du monde
« La création du monde…Oui, mais lequel ? Même si je vis ici et là-bas en même temps, je n’ arriverais jamais à interpréter l’immensité de nos pensées et croyances. Au tout début l’ insondable régnait, en maître, tournant autour d’ un point de non retour. Où se trouverait alors la frontière entre l’illusion, les mirages et l’obsolescence ? Comment dépasser le point du non-retour !
La vie serait-elle une sorte de scénario de signes insolites se chevauchant vers l’infini ? »
Nicol Rodriguez
Danser la matière
Dès les premières réalisations de jeunesse, le travail de Nicol Rodriguez joue avec la notion de figuration. Comment représenter le monde ? Comment le dire ? En ne le représentant pas mais en l’habitant. Ce portrait de femme réalisé aux débuts était déjà la compréhension profonde de ce qui nous compose. De la matière et de l’esprit. Nicol pénètre au plus profond pour faire vivre la surface dans un équilibre parlant entre l’intérieur et l’extérieur.
Le rythme
La surface de la toile est alors une entrée, un appel au voyage qui réunit le sensible et l’esprit. Les vibrations, le rythme font chanter l’œuvre, de ses lignes de force à l’infime détail. Le rythme relie les moindres notes de la composition.
Harmonie complexe
Ses réalisations les plus récentes invitent à se demander si elles sont peinture, sculpture, assemblages. Rien de tout ceci ; chaque œuvre est le prolongement naturel d’un rythme intérieur que Nicol travaille en permanence, de l’ esquisse, d’un travail de préparation à la production finale. Les différents plans se superposent, s’assemblent, jouent, renvoient l’un à l’autre. Le papier, le carton, la peinture, les feuilles d’arbre chantent en harmonie mais chaque note garde sa force, son originalité. Toujours cette histoire de rythme intérieur qui n’aboutit pas à une illustration, à un récit mais qui jaillit sur la toile, de la toile. Fixé, figé, il continue d’agir jusqu’à dépasser le cadre qui devrait le contenir. Se produit pour le spectateur une sorte de hors-champ troublant d’abord, bienvenu ensuite, car il faut du temps, de l’attention pour vibrer en écho avec les œuvres.
Proposition ouverte
Une alchimie se produit entre les lignes géométriques, les arabesques évoquant à l’occasion le mouvement de vagues. Comme si la forme se faisait et se défaisait en permanence pour dire, suggérer, accompagner l’œil du spectateur dans la recherche de lui-même. Le travail de Nicol est une proposition permanente, ouverte, forte. En art, aucune comparaison ne fait raison mais se sont imposés deux noms lors de la découverte du travail de Nicol Rodriguez : Mondrian et Basquiat. L’artiste navigue entre ces deux pôles , entre ligne et vague, ponctuation et suggestion, ouverture et fermeture.
Si l’abstraction était déjà présente en germe dans les premières réalisations figuratives, il y a maintenant comme une tentative de figurer quelque chose dans l’abstraction : ce qui échappe à l’entendement, au quotidien.
Le travail et la vie
Dans l’atelier de Nicol, la vie et le travail se confondent De ses promenades elle rapporte des formes végétales qu’elle intègre à son travail. On ne sait plus très bien comment définir la figuration et l’abstraction. La nature environnante devient œuvre d’art. La production artistique échappe, par ses vibrations, au cadre de la toile et à celui du jardin-atelier. La moindre esquisse réalisée sur un petit support en carton interpelle nos rythmes secrets et vitaux.
Dansons
Si vous y consacrez le temps et l’attention nécessaires, chaque tableau chante à la fois sa musique et la vôtre. La rencontre a lieu.
Il faut préciser que Nicol Rodriguez est franco-hollandaise, d’origine espagnole. Alors, les frontières politiques et géographiques ne s’imposent pas plus pour elle que les frontières entre les matériaux. Elle est elle-même la matière qu’elle travaille et nous offre. Dansons avec elle.
Voyager
« Ma façon de faire ? C’est moi-même, j’expérimente, je rapporte de mes promenades dans la nature la matière de mon travail. Je recycle, je réassemble d’une autre façon. Je ne m’inspire pas d’autres artistes. Ce serait prétentieux ? Non, c’est plutôt humble. Je relie les choses. Chacune contient un lien. On ne les voit pas mais ils existent. Je rends visibles ces liens, ces concordances. » À ses références, Nicol ajoute l’École de New York et parle volontiers d’abstraction lyrique. Mais elle est avant tout elle-même.
Le mouvement, le temps…
Paris, Genève, Anvers, New-York, Bruxelles, Shanghai, Londres et bien d’autres villes ont accueilli les œuvres de Nicol. Elle écrit : « Tout compte fait, je crois que je voyage trop. Sur terre ou dans mes œuvres, c’est pareil. Cela peut être avec les pieds, avec le cœur ou la tête. Le principal c’est d’ aller en avant, comme être à la poursuite du temps. Chaque geste est un morceau de vie et le mouvement me rappelle le temps, la montre, les pas. Alors je marche. »