Pandore, sors de ta boîte !

Pandore, sors de ta boîte !

28 novembre 2025 0 Par Paul Rassat

Le 26 novembre 2025 Philippe Ballard était l’un des deux invités de l’émission de France Inter « Le téléphone sonne ». Il s’agissait de débattre de l’impartialité et de l’utilité du service public, qui fonctionne «  avec notre argent ». Monsieur Philippe Ballard a été journaliste, il est député et représente le RN. Au cours de l’émission, il déclare « Le service public, c’est avec notre argent. » Il parle aussi «  d’ouvrir la boîte à Pandore. » ( Parju et Blaireau dans  » Ni vu ni connu »).

Nom de Zeus !

On retrouve facilement le mythe de Pandore sur Internet, lui-même étant une sorte de métaphore concrète de ce mythe. Prométhée vole le feu du ciel pour l’offrir aux hommes. Zeus est mécontent. Prométhée le paiera cher. Et pour se venger il présente Pandore au frère de Prométhée. Celui-ci est chargé de garder la jarre où se trouvent enfermés tous les maux possibles, la mort, la maladie et autres joyeusetés. Curieuse, Pandore entrouvre la jarre pour y jeter un coup d’œil ( Ah, les femmes !) et tous les maux s’abattent sur l’humanité. En gros, telle est l’histoire.

On a tout donné

Étymologiquement, Pandore est « celle qui donne tout ». Ça tombe particulièrement bien à notre époque dont un refrain est «  On n’a rien lâché, on a tout donné ! » Serions-nous toutes et tous des Pandores des temps modernes ? À vérifier.

Ouvrir la boîte à claques

 Philippe Ballard parle d’ « ouvrir la boîte à Pandore. «  À Pandore, ou à pandores ? Confusion vaut lapsus, que personne n’a relevé pendant l’émission. Un pandore est un gendarme ; du hollandais pandoer, issu du hongrois pandur. Ouvrir la boîte à pandores, serait-ce envoyer du bleu, des gendarmes ? On peut se poser la question. C’est qu’il faudrait remettre de l’ordre dans la communication. Les auditeurs , selon monsieur Ballard, ne font pas la différence entre l’humour de Charline Vanhoenacker et les informations. Certaines émissions de France Culture, de surcroît, seraient trop pointues. Si c’était le cas, vaut-il mieux abaisser le niveau intellectuel des émissions ou bien élever celui des auditeurs ? Il semble que Rachida Dati ait opté pour la première solution. Le RN ( il n’est pas le seul), et l’actuelle ministre de la culture pensent que le Français n’y verra que du bleu.

Charline Praud et Pascal Vanhoenacker

Après les « dérapages » de Charline Vanhoenacker ou de Caroline Roux évoqués par M. Ballard, il est question de ceux de Pascal Praud qui , d’après le député RN déclarait : «  Mais moi je fais 2 heures de direct, plus 2 heures ça fait 4 heures, il peut m’arriver… » M. Ballard n’est pas allé plus loin dans la citation. Le fond du problème ne serait-il pas le fait que les « journalistes » se transforment en bateleurs dont la première fonction est de tenir l’antenne ? On bâtit un programme, une émission autour d’une personnalité plutôt que sur la diversité et la pluralité des points de vue.

Reste «  Le service public, c’est avec notre argent. »

 L’adjectif possessif est très intéressant. S’agit-il de l’argent de tous les Français ?  Si c’est le cas, chaque Français a-t-il la possibilité de donner son avis sur la qualité des médias ? Et puis il semble que l’argent circule. M. Bolloré et d’autres en accaparent une partie ; mais au fond, même cette partie n’est-elle pas l’argent de tout le monde ? Notre argent. Nous rejoignons ici les éternels débats qui bloquent régulièrement le pays. Faut-il prendre de l’argent aux plus nantis qui accaparent une partie importante de l’argent du pays ? Faut-il réduire les aides aux plus pauvres parce que ces aides sont notre argent ? Là encore, il semble que la définition de « notre argent » soit fondamentale. Certains partis politiques, finalement, n’ont-ils pas été condamnés pour avoir abusé de notre argent ?