Parole d’Oxmo Puccino ! Amour et résilience

Parole d’Oxmo Puccino ! Amour et résilience

19 février 2021 Non Par Paul Rassat

Toucher l’horizon

Pourquoi ne pas partir de l’utopie ? De l’autodidactisme qui consiste à construire sa vie, à trouver son chemin comme Pierre Soulages lorsqu’il déclare « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. » ou bien à la manière d’un Picasso « J’essaie toujours de faire ce que je ne sais pas faire, c’est ainsi que j’espère apprendre à le faire. » Oxmo répond « Si j’avais entendu les profs, je serais pas le type/ Dont on étudie l’écriture…Ne suis pas les panneaux/ Aucun n’indique la bonne destination. » « Ne demande ton chemin à personne, tu risquerais de ne plus pouvoir te perdre. » avait écrit quelqu’un avant lui.

365 jours

Écrire sa vie, toujours l’utopie, la recherche d’impossible, le pouvoir de l’esprit qui te téléporte, ne pas se crever les yeux pour ne pas voir, comme Œdipe « La vie est courte…Né le matin, majeur à midi, vieux à vingt heures. Vivre sa flamme plutôt que rechercher la consécration « L’histoire oublie les héros pas les vainqueurs. Avec le sens de la vie, celui des mots « La vie est un beau train avec de sales wagons. » Petit alexandrin, mine de rien.

L’enfant seul

TOUS la même souffrance « T’es l’enfant seul   on se comprend   peu le savent Il mate   Je…L’enfant seul c’est toi, eux, lui, elle : tourbillon de fusion et d’empathie. Cet enfant qui demeure même sous un torse velu. « Le sale souhait de se laisser par le cou pendu ». Pendu, à l’envers, en fin de course, suspendu aux sonorités. Pendu dans l’absence de repères, sauvé par les mots en flèches épistolaires, les paroles en pistolets de paix.

Mama Lova

Après la solitude, encore la solitude pour cet hommage à la Mère de laquelle les gosses sont indissociables « Autant de love à tous les gosses ». Ces mères de scarlas dont certains atteignent Milan ou bien rappent L’arme de Paix, la sensibilité en bandoulière.

Le point final

Le poing dans la gueule « Si la merde avait une valeur, mes négros naîtraient sans trou du cul. » Qu’en pensez-vous docteur Freud ? Transformer la merde en fric, la couleur en argent.

Amour et jalousie

« Ils veulent être qui je suis. » Hypocrisie, intérêt, jalousie, imposture, recherche d’identité. C’est l’un des plus sérieux problèmes de notre société. Se connaître, s’accepter, être tolérant avec soi et avec les autres. Toujours en résilience et en découverte.

Quitte-moi

Paradoxe apparent, une chanson d’amour qui clame « Quitte-moi ! » L’écart entre l’amour rêvé et la quotidienne réalité, l’impuissance à abandonner. La réalité univoque, celle qu’on veut imposer à l’autre sans tenir compte d’elle ou de lui est une impasse.

La nuit du réveil

Dans la veine paradoxes et oxymores, quelques impressions d’écoute nées du dernier album d’Oxmo Puccino. L’âge, la mort et de deuil « Ailleurs c’est mitraillette à ton âge. » Le lâcher prise « À presque cinquante balais, j’m’en bats la raie » (d’où l’intérêt de posséder un aspirateur ou bien d’avoir une bonne recette de raie au beurre noir, avec câpres). Un « Bout de chanson pour tromper le sablier ». Pas dupe et plutôt modeste. Mais quand même à revendiquer « Le droit de chanter », de faire chanter son identité, de l’assumer contrairement aux body buildés pour lesquels « ça nique des mères mais craint le mot homo. »

Évocation des racines, des baobabs dont l’ombre renvoie à la filiation, à la transmission. Un truc de métis de qui l’intelligence fait préférer les « peut-être » aux vérités.

« J’écris des vaccins, trouver des formules/ On frimer des choses simples. » Fuir les évidences, les clichés, rechercher la formule et faire de la chanson un vaccin qui parle au corps, au cœur et à l’intelligence. Assumer son métissage pour ne pas être « du genre à la pizzéria à demander du riz cantonais. »

Dessin de Boubacar Coulibaly. Hommage au baobab vivant.

Le baobab

Le temps, l’enfance, la solitude, la souffrance (sous France), l’amour à la mère, le métissage, les racines dessinent un Oxmo en puissant baobab enraciné dans un passé d’avant sa naissance. L’arbre donne vie à des branches de tendresse. Il  tisse des rencontres musicales et humaines en un entrelacs de vaccins harmonieux. Un baobab vivant, amb(r)assadeur de l’UNICEF.

Musilac

En espérant que les chansons d’Oxmo, vaccins et formules compris, permettent à l’édition MUSILAC 2021 d’exister, car Puccino est au programme !

À suivre, saperlipopette !