Patrick Meo , assembleur sculpteur de matière et de lumière

Le travail de Patrick Meo paraît simple et évident. Il repose cependant sur des assemblages, des jeux de relations entre matières. Le bois et la pierre dialoguent. Certaines pièces optent pour la douceur d’une protection maternelle. Dans le refuge «  Quelque chose s’abrite de la perte » écrit Pascal Quignard.

L’atelier abrite une multitude de maquettes parmi lesquelles trône un frigo. Entrouvert, il laisse voir une plaque de marbre qui en occupe verticalement toute l’entrée. Ce «  Trop-plein » dénonce la surconsommation.

— Tu t’amuses à assembler, à tester.

— J’adore !

Le bois et la pierre, une forme géométrique, stable et une recherche de mouvement. Chercher l’équilibre. Brancusi ? Bien sûr !

Lisse, polie, avec son grain ou présentant les coups de ciseau, la pierre révèle toutes ses facettes. Les 5 piliers qui soutiennent la paix dans le monde, 5 épis en couronne, voisinent avec un essai de sculpture que Patrick appelle «  Un sac de nœuds ». Tentative dans laquelle la matière échappe, se brise ; reflet d’un monde intérieur.

On comprend encore mieux ce besoin d’équilibre dans chaque œuvre. L’enjeu est à la fois esthétique et intime. Ce «  Sac de nœuds » ne serait-il pas la transposition abstraite d’un Saint-Sébastien percé de flèches mais survivant au sort ?

« Là ? C’est métamorphose. J’avais travaillé sur le nombre d’or gravé ici : 1, 618. Sur un mètre 618 je montre la métamorphose de la pierre, d’un bloc carré, au galet plus petit jusqu’au sable. »

Les états de la matière, la matière dans tous ses états.

La pierre froide, le bois chaud et sensuel. Les oppositions se parlent, elles s’assemblent, s’unissent, se lient.

«  Souvent je reviens sur le temps. J’avais réalisé une installation à Paris avec quatre assises pierre et bois, dans un carré de deux mètres par deux mètres. Je l’avais appelée Le temps de. De s’écouter, de parler, de rire… Ah, le temps ! Je le mange, je l’apprécie, je le déguste ! Simplement le temps de sculpter quand je suis là, dans mon atelier.

Il y a aussi Le temps du silence. 2011. Suite à un drame personnel. Le temps du silence et Remise à niveau. Certains n’entendent pas ce qui se passe juste à côté. Ils portent des écouteurs qui les coupent du monde. »

( Les photos du Trop Plein et les deux ci-dessus © Pedro Studio Photo)

Chercher, ouvrir, écouter le monde, se remettre à niveau pour profiter de la lumière des beaux jours.